L’artiste aux origines antillaises, comédienne et metteuse en scène Isabelle Fruleux est une habituée des adaptations littéraires pour monter ses spectacles : après Lydie Salvaire et l’évocation de la légende Jimi Hendrix, elle s’est attaquée à l’univers de l’écrivaine et poétesse Souad Labizze, découverte quand celle-ci est venue la voir et l’écouter dans son interprétation d’un autre texte Frère Migrant de Patrick Chamoiseau, lors d’un festival en Suisse.
À la sortie de ce spectacle, l’autrice propose à Isabelle Fruleux de découvrir ses textes : s’en suivra un temps de maturation pour la comédienne jusqu’à l’élaboration de Pourpre qu’elle joue aujourd’hui sur scène, accompagnée de la musicienne Kamyla Jubran et de son oud, instrument issu de la culture arabe. La suite, écoutez-la dans le podcast L’Oreille est hardie avec Isabelle Fruleux :
Quand Labizze fut venue…
"Elle ne peut pas prononcer le mot violet, trop proche du mot viol alors elle emploie le mot pourpre". C’est en substance l’explication que livre Isabelle Fruleux à L’Oreille est hardie pour mieux comprendre le titre de son nouveau spectacle, inspiré de l’œuvre de l’autrice Souad Labizze.
Écrivaine et poétesse algérienne, tunisienne et française, l’œuvre de Souad Labizze est teintée de thèmes inspirés pour certains de sa propre vie : de sa propre enfance violée, naît dans ses textes des passages forts sur la place des femmes dans les sociétés, sur les violences qui leur sont faites, sur les rapports de domination de façon générale, engendrés aussi par le colonialisme.
C’est tout cela que retransmet Isabelle Fruleux en interprétant et en narrant sur scène les récits livrés sur papier par Souad Labizze.
Échanges, de vives voix
Des échanges, il y en a eu entre l’artiste et l’autrice qu’elle a choisi d’adapter après que celle-ci lui ait proposé de découvrir ses textes, mais ce n’est qu’une fois le spectacle abouti que d’autres échanges ont eu lieu. Isabelle Fruleux avait en effet demandé carte blanche à Souad Labizze pour l’adaptation.
Échanges en revanche permanents et collaboratifs tout au long de la création du spectacle, entre Isabelle Fruleux et celle qui l’accompagne sur scène : Kamilya Jubran, musicienne, compositrice, instrumentiste spécialiste du oud (instrument à cordes des pays arabes), chargée d’un univers à la fois traditionnel et très personnel. Elle fait d’ailleurs entendre de son oud des sonorités très particulières, à entendre en extraits dans le podcast.
La couleur Pourpre
Tout cela donne une couleur particulière à ce spectacle Pourpre, avec ce très beau dialogue tissé tout au long du spectacle entre textes, voix, chants, musiques et les langues françaises et arabes, le tout allié à une scénographie sobre soulignant à contrario la force du propos.
Le spectacle Pourpre adopte un rythme posé, lent, qui donne surtout à entendre cette parole qui, loin de se circonscrire aux seules frontières des pays du Maghreb, devient universelle par la portée de son propos.
Écoutez L’Oreille est hardie...
Et retrouvez l’artiste Isabelle Fruleux expliquer les points communs entre tous les auteurs qu’elle a adaptés par le passé. Entre Glissant, Chamoiseau, Rilke, Fanon ou Lydie Salvaire et maintenant Souad Labizze, l’important pour Isabelle Fruleux, c’est le décloisonnement. Décloisonnement des idées, des genres artistiques : c’est tout le credo d’Isabelle Fruleux.
Pour retrouver Isabelle Fruleux dans L'Oreille est hardie, c'est par ICI !
Ou par là :
"Pourpre" d'Isabelle Fruleux s'est joué en janvier 2023 au théâtre Antoine Vitez d'Ivry. Et se rejouera le 10 mars au Musée d'Aquitaine, à Bordeaux. Puis le 18 mars à la Médiathèque de Chevilly-Larue dans le cadre du Printemps des Poètes.