Podcast "L’Oreille est hardie". BD : "Ladies with guns", des larmes aux armes

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor
De ces femmes que l’on ne voyait qu’en arrière-plan dans les westerns, Olivier Bocquet en a fait les héroïnes de "Ladies with guns", la bande dessinée dont il a écrit le scénario. Des femmes en proie à bien des peines mais qu’elles transformeront en armes de défense. Avec en tête d’affiche, le personnage d’une jeune esclave en quête de liberté. De quoi susciter la curiosité de "l’Oreille…" et les explications de l’auteur.

Il en va des westerns comme de bien d’autres films ou littératures de genre : où pouvez-vous voir des esclaves en personnages principaux de récits ? Et qui plus est des femmes esclaves qui prendraient leur destin en main - ou tenteraient de le faire -, à l’instar de n’importe quels héros mâles ? En tout cas, le genre western n’offre pas cela et c’est bien l’un des éléments de réflexion qui a permis à Olivier Bocquet d’imaginer cette histoire.


Et si on mettait dans les mains de ces femmes qui ne sont que des éléments de décor ou de faire-valoir pour les cow-boys à la testostérone sur-vitaminée, des pistolets et des carabines, à une époque où elles n’avaient pas le droit à la parole, que se passerait-il ? À quoi et comment s’en serviraient-elles ?

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor

Des héroïnes armées de courage

Dès les premières pages, la couleur est annoncée : au beau milieu d’une forêt, Abigail se débat pour sortir d’une cage dans laquelle la jeune esclave a été enfermée. On comprend qu’elle a tenté d’échapper à son funeste sort mais serait-ce pour mieux finir dans l’estomac de loups qui voudraient ne faire qu’une bouchée d’elle ?

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor

Autour de cette situation incongrue viennent se greffer quatre autres personnages : Chumani, l’Amérindienne dont le peuple petit à petit est décimé, Kathleen, femme de colon, un peu bourgeoise qui se retrouve veuve dans de tragiques circonstances, Daisy, une ancienne institutrice, irlandaise bourrue au grand cœur et Cassie, prostituée, danseuse de saloon qui s’est fait la belle, fuyant ses patrons. Elles se retrouvent toutes les cinq, cinq archétypes de la femme fantasmée et supposée soumise, toutes les cinq décidées à survivre et à ne plus subir les lois des hommes-geôliers. Et c’est pour elles la fuite en avant dans le tome 1 de cette série et une poursuite effrénée entre ceux qui cherchent à les arrêter et elles. 

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor

Une bande dessinée de genre… féminin 

C’est l’argument massue de cette bande dessinée : à travers la réalité et le symbole de la jeune femme esclave qui cherche à se libérer de sa cage, Olivier Bocquet au scénario et Anlor aux dessins signent comme une sorte de manifeste quasi-féministe et humaniste pour renverser les valeurs et imaginent un western/conte universel et intemporel pour ouvrir les yeux sur la bêtise des hommes.

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor


Universel et  intemporel - malgré les codes du western qui ancre le récit vers la fin du 19ème siècle aux Etats-Unis - mais aussi jubilatoire : on reste dans une BD de genre avec ses rebondissements, ses codes visuels et une bonne dose de violence graphique que ne renierait pas un Quentin Tarantino, le réalisateur de films tels que Pulp Fiction, Réservoir Dogs ou Django Unchained (ce dernier film contant justement la vengeance sanglante menée par un ancien esclave qui s’est affranchi lui-même de ses chaînes..).
Tout d’ailleurs, dans les ressorts de l’histoire d’Olivier Bocquet et les cadrages choisis par Anlor, rappelle le cinéma d’action mais en réservant toutefois à l’émotion et la réflexion quelques beaux moments.

"Ladies with guns" d'Olivier Bocquet et Anlor

Écoutez l’Oreille est hardie…

Et apprenez pourquoi cette passion d’Olivier Bocquet, depuis tout petit, pour les histoires ; comment il s’est documenté sur cette période de l’esclavage aux Etats-Unis pour mieux l’oublier et l’assimiler à son récit ; mais aussi ce que cette BD aurait  pu être dans les Antilles ou à la Réunion pendant la période esclavagiste en France… Ladies with guns, une "pop-corn BD" à savourer sans modération. 

Le scénariste Olivier Bocquet à suivre dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI 

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