Dix-neuf ans. Dix-neuf ans séparent l’album de Hubert Colau intitulé Vwa la sorti il y a quelques semaines et un premier opus, un projet en grande formation intitulé Artmada et que le musicien avait produit en 2003. Ça peut paraître long mais tout dépend du regard que vous portez sur l’affaire. Et en l’occurrence, c’est celui de Hubert Colau qui nous a intéressé dans cette Oreille est hardie qui fait donc connaissance cette semaine avec le batteur-chanteur :
La musique, la compagne
Musicien accompli, son expérience des studios d’enregistrement est grande malgré ses rares productions personnelles. C’est qu’il a souvent accompagné, par son jeu de batterie ou par sa voix de choriste, beaucoup d’artistes d’horizons variés. Jugez plutôt : Garou, Liane Foly, Lara Fabian, Edith Lefel ou encore Kassav !
Éclectique, Hubert Colau a toujours appris et pris des moments partagés avec d’autres et comme il le dit lui-même, jouer de la musique a toujours été littéralement un jeu et donc un plaisir. Mais il ne s’en cache pas non plus : être au centre d’un projet musical et au centre de la scène, ça fait du bien aussi !
La musique dans la peau !
Guadeloupéen et Martiniquais par ses parents, Hubert Colau a grandi en région parisienne avec très tôt la musique, les musiques en fond sonore puis à fond dans les oreilles au point d’en faire la bande originale de sa vie.
Une formation de musicien au spectre étendu comme il sied à tout amoureux de la musique afin d’ouvrir, le plus largement du monde, les champs (les chants ?) des possibles. Et dans cet apprentissage, jamais très loin, les musiques créoles qu’elles soient martiniquaises, guadeloupéennes ou haïtiennes.
Ces musiques vivent depuis toujours en lui et mêlées à bien d’autres influences, elles surgissent et ressurgissent dans cet album Vwa la.
Un album fait d’hommages collatéraux
C’est que les hommages rendus sont nombreux dans cet opus riche d’une dizaine de titres et vous pourrez en entendre de larges extraits dans L’Oreille est hardie. Écoutez poindre tout d’abord la voix, les voix d’Hubert Colau s’approcher, tutoyer celle de celui dont on sent qu’il est à l’origine de beaucoup de choses : le regretté Bobby Mc Ferrin, un génie de la voix qu’il utilisait comme un instrument et qu’il perfectionnait comme un instrument (son fait d’arme le plus populaire restera le fameux Don’t worry, be happy mais il vaut largement plus que ça…). Autre grande voix, autre grand nom auquel Hubert Colau rend hommage dans Vwa la : Al Jarreau.
Musicothér’happy
Mais vous entendrez bien d’autres influences comme les voix du peuple peul ou celles des pygmées d’Afrique de l’Ouest. Et pas uniquement des voix : des sonorités comme celle du batteur Tony Allen se font aussi entendre. Tout cela donne un album que l’on pourrait classer comme Afro-jazz (bien que son auteur rechigne à catégoriser le fruit de son travail) aux tonalités résolument joyeuses et pleines de reconnaissance pour la musique et les bienfaits qu’elle procure. Et c’est le moment de préciser qu’outre une carrière de musicien, Hubert Colau est aussi musicothérapeute, prodiguant des soins par la musique, l’une des raisons qui expliquent aussi l’écart, le délai entre ses deux projets d’album.
Écoutez L’Oreille est hardie…
Et découvrez cet artiste parler librement de la genèse et de la création de son album très personnel Vwa la. Opus qui vivra sur scène, c’est une chose qu’il se promet - et que l’on attend avec impatience - avec peut-être le lancement des premiers concerts en décembre prochain. En attendant voilà Vwa la dont vous ne serez pas surpris d’apprendre que traduit du créole, il signifie non seulement "la voix" mais aussi "la voie". Et l’une comme l’autre musicalement très bien élaborées, sont empruntées avec passion par un musicien rare sur le devant de la scène. Ce qui pourrait bientôt changer…
Retrouvez l'afro-jazz de Hubert Colau dans L'Oreille est hardie, c'est par ICI !
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