Podcast “L’Oreille est hardie”. Le cinéma, l’arme miraculeuse de Sarah Maldoror

Portrait de Sarah Maldoror
La cinéaste d’origine guadeloupéenne disparue il y a deux ans fait l’objet d’une exposition toujours visible au musée du Palais de Tokyo, à Paris. Fictions, documentaires, reportages… tout est à redécouvrir chez celle qui considérait le cinéma comme une arme. Évocation d’une pionnière par sa fille Anouchka De Andrade, au creux de "l’Oreille…".

C’est une femme. C’est une militante. C’est une artiste. C’est une cinéaste que le musée du Palais de Tokyo à Paris met à l’honneur depuis deux mois et jusqu’au 13 mars prochain dans l'exposition Sarah Maldoror, cinéma tricontinental. Les superlatifs et les “premières places” pourraient se multiplier concernant Sarah Maldoror : première femme - si ce n’est LA pionnière - à se revendiquer d’un cinéma africain encore émergeant et balbutiant dans les années 60-70 ; première réalisatrice à faire d’Aime Césaire le sujet d’un film quand l’homme n’était pas encore mis en lumière sur le plan médiatique…
Avant cela, Marguerite Sarah Ducados - qui s’était elle-même rebaptisée Sarah Maldoror (comme le recueil du poète surréaliste Lautréamont, Les chants de Maldoror) - aura fondé en 1958 la première compagnie d’acteurs noirs en France, les Griots avec entre autres la comédienne et chanteuse haïtienne Toto Bissainthe. 

Exposition Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental, Palais de Tokyo

Une exposition-divulgation de l’œuvre de Sarah Maldoror

L’exposition qui lui est consacrée deux ans après sa disparition n’est pas une rétrospective, plutôt un coup de rétroprojecteur sur une carrière faites de hauts et de bas, de petits et grands films, de réussites et d’échecs, de réalisations et de projets non-aboutis (autant de chaque côté !). Le Palais de Tokyo dont l’ADN reste la mise en avant d’artistes émergeants dans les arts visuels, consacre ainsi tout un espace à la (re)mise en perspective de l’œuvre et du travail de la cinéaste d’origine gersoise et guadeloupéenne, tant sous l'angle de ses combats, de ses envies, de ses besoins de filmer que du point de vue du contexte historique, politique, social et culturel de son temps.
Des premières fictions tournées sur le continent africain jusqu'aux portraits des écrivains de la négritude Aimé Césaire (six films consacrés au poète et homme politique martiniquais) ou Léon-Gontran Damas, réalisés dans les Outre-mer en passant par les films pour la télévision française, l’œuvre de Sarah Maldoror est riche, variée, parfois surprenante comme le révèle très bien l’exposition Sarah Maldoror, cinéma tricontinental.

Exposition "Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental", Palais de Tokyo

Redécouvrir les films de Sarah Maldoror 

Ainsi, outre la douzaine de films projetés parmi les quelques longs métrages de fiction, les documentaires, les films de commandes, les films pour la télévisions et les reportages (deux séances de projection par jour), les visiteurs peuvent aussi découvrir des extraits des films de la cinéaste et parcourir les documents sur les préparatifs des tournages ou quelques commentaires qui participent à la recontextualisation du travail de Sarah Maldoror.

Exposition "Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental", Palais de Tokyo


Ses filles, Henda Ducados et Anouchka De Andrade - l'invitée de l'Oreille est hardie - en tête, ont pu fournir bon nombre de précieux documents appartenant à leur mère pour cette exposition, supervisée pour le Palais de Tokyo par son commissaire François Piron. ce dernier s'est attaché à montrer et démontrer toute la cohérence de l’œuvre de Sarah Maldoror. Entretien :

Écoutez l’Oreille est hardie…

…Et Anouchka De Andrade qui nous raconte comment Sarah Maldoror a surmonté bien des difficultés pour réaliser ses films, pas toujours bien reçus en regard de leur essence poétique, littéraire et politique. Ses premiers films marquants comme Monangambee (1969), Des fusils pour Banta (1970) ou Sambizanga (1972) évoquent la décolonisation et la libération des peuples et lui ont cependant valu plusieurs prix à travers le monde !
Anouchka De Andrade dit aussi comment elle a toujours réussi à tourner malgré les moments difficiles. Et parle dans l’Oreille est hardie de tout ce qui animait Sarah Maldoror et la poussait farouchement à passer d’un projet à l’autre.
La cinéaste Sarah Maldoror racontée par sa fille Anouchka De Andrade dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI 

Ou par là : 

Portrait de Sarah Maldoror, 1970