Nous lui donnons rendez-vous à la petite terrasse improvisée d’un café dans les rues d’Avignon, pendant le Festival de théâtre qui s'y déroule en juillet. Elle arrive, enjouée, avec son foulard noué sur sa tête qui la rend reconnaissable parmi tous. Myriam Baldus s’installe à la table. Un peu plus tard, la slameuse sera rejointe par sa metteuse en scène Géraldine Bénichou et par les deux musiciens du spectacle, Yann Louis dit Yao et d’ExXos metKakOla (que nous raccourcirons en ExXos, avec sa bénédiction). Car ces quatre-là sont intimement liés même s’ils sont intervenus dans le projet à des moments différents. Écoutez-les parler de l’histoire de Fos à Kaz la et de la genèse de ce spectacle dans L’Oreille est hardie :
C'est quoi Fos a Kaz la ?
Fos a Kaz la c’est l’histoire de Myriam Baldus quittant la Guadeloupe à quatre ans pour la "Métropole"… Non, c’est plutôt l’histoire du grand-père de Myriam… Non, en fait, c’est l’histoire des "kaz", des maisons faites de bois et de tôles comme on en trouvait à foison dans les quartiers de la Guadeloupe… Non, c’est l’histoire de la colonisation puis de l’assimilation puis de l’urbanisation de la Guadeloupe… Bon, vous l’aurez compris : Fos a Kaz la c’est tout cela à la fois.
La parole du slam
Et du haut de son slam (mais toujours à hauteur des hommes et des femmes) et de ses textes brillamment ciselés et puissamment énoncés, Myriam raconte l’intime d’un départ à l'âge de 4 ans, d’une Guadeloupe qui lui deviendra de plus en plus chère en grandissant ; mais raconte aussi le bouleversement collectif ressenti dans les quartiers guadeloupéens par ceux qui vivaient dans ces maisons faites de bric et de broc et qui ont parfois été forcés de déménager pour faire pousser à leur place le béton et l’asphalte.
Ajoutez à cela la particularité d’avoir eu un grand-père qui avait consigné toute sa vie dans des carnets et multiplié les tableaux et les dessins qui foisonnaient dans sa « Kaz » et vous obtiendrez la substantifique moelle du spectacle.
Les origines d'un spectacle
Dans L’Oreille est hardie, Myriam dévoile comment Géraldine Bénichou l’a incitée à faire spectacle de son histoire personnelle, comment le musicien Yao, rencontré du côté de Lyon où elle vit, porteur dans l’Hexagone de la tradition guadeloupéenne, l’a accompagnée en Guadeloupe dans ses différentes rencontres pour en tirer les témoignages que l’on découvre sur scène. Mais aussi comment ExXos a ajouté sa touche hip hop et a même contribué à trouver le titre définitif du spectacle !
Pour conter son histoire, la slameuse se pare de son flow et de ses mots, tendres et puissants, qui suintent l’amour qui déborde et la colère contenue. Qui disent le "c’était-bien-avant" avec nostalgie et sans (trop de) récriminations. Des mots qui avancent un pied dans les champs de canne de la campagne guadeloupéenne et l’autre foulant les fleurs de béton des cités soi-disant difficiles. Comment tout cela s’est mis en œuvre ? C'est tout ce que Fos à Kaz la raconte et ce que ses protagonistes évoquent dans L’Oreille est hardie.
Ecoutez L'Oreille est hardie...
Si le TOMA 2022 (Théâtre d'Outre-mer en Avignon) et un mois complet de représentations ont permis de développer un peu plus le spectacle (créé au mois de juin en Guadeloupe, comme il se devait !), reste maintenant à le partager davantage encore. Et c’est tout le bien que l’on souhaite à Myriam Baldus et à Fos a Kaz la. Dans l’attente de nouvelles dates préfigurant une tournée, laissez-vous porter dans le podcast par l'histoire qui a valu à ses interprètes un beau succès critique et public recueilli au Festival d’Avignon.
Rendez-vous avec la force du slam de Myriam Baldus dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
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