Si la musique adoucit les mœurs, elle peut aussi apaiser certaines douleurs. Et ce n’est pas Sélène Saint-Aimé qui vous dira le contraire, elle qui a su transcender un mal dont elle souffre encore aujourd'hui pour en faire quelques de chose de lumineux. Petit retour en arrière : janvier 2021, venue en Martinique entre autres pour une session de travail et de recherches musicales - et visiter sa famille -, voilà que la Covid vient bouleverser ses plans. Covid tenace, version longue, qui l’incite à trouver du repos sur la terre paternelle et à prolonger de plusieurs mois le séjour initial.
Qu’à cela ne tienne, Sélène en profitera pour apprendre encore sur toutes ces sonorités dont elle est gourmande, composer et écrire toujours, aussi bien de la musique que de la poésie, ce qu’elle n’a jamais arrêté de faire depuis son adolescence. Et ainsi naîtra petit à petit ce Potomitan, deuxième album qui malgré ses allures de convalescence n’en marque pas moins les oreilles et les esprits par sa douce puissance. Le séjour au départ forcé puis finalement bienvenu permettra à la compositrice et instrumentiste de multiplier les expériences sonores avec la complicité, entre autres musiciens mobilisés pour l'occasion, d'un Sonny Troupé et de son tambou ka guadeloupéen ou d'un Boris Reine-Adélaïde au tambou bèlè martiniquais.
Musique en mode majeure
Ça paraît déjà tard mais Sélène Saint-Aimé n’a commencé à travailler la musique qu’à l’âge de 18 ans, empoignant des études musicales et ce qui sera son instrument de prédilection, la contrebasse avec la ferme intention de vivre de cette passion qu'elle a tue pendant des années, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Travail, travail, travail et voyages qui l’amèneront, entre autres vers ces Etats-Unis, berceau du jazz qu’elle écoute et consomme avec gourmandise et révérence.
Quelques années plus tard, naît un premier album (Mare Undarum, 2020) puis aujourd’hui ce Potomitan qu’on pourrait croire encore plus tourné vers ses racines antillaises parce que créé en Martinique. Que nenni ou en tout cas pas exclusivement, affirme Sélène Saint-Aimé dans l’Oreille est hardie. Potomitan est dans la droite continuité de ce travail autobiographique entamé par son premier LP. Un sillon qu’elle continue de creuser et qui la pousse à mêler la Caraïbe, l’Afrique et le jazz américain de façon instinctive, quasi-improvisée, à l’instar de ce nouvel album qu’on croirait réalisé tout d’une seule prise.
Écoutez l’Oreille est hardie...
Et apprenez comment la plupart des titres composant cet album se sont orchestrés sur une grande part d’improvisation. Écoutez Sélène Saint-Aimé nous raconter par exemple la création du morceau Beliya, à partir d’un chant profondément martiniquais puis le bouladjel guadeloupéen et la rumba cubaine sont venus apporter leur sincérité et leur authenticité pour créer quelque chose de nouveau. Album à écouter aussi pour ce soupçon de transe mystique introduite par les mélopées et la voix tout à fait spéciales de Sélène Saint-Aimé et pour la beauté de ses poèmes distillés ici ou là dans certains morceaux (comme par exemple Indigo Bay que vous pourrez écouter en intégralité en fin de podcast).
La musicienne Sélène Saint-Aimé nous parle création et jazz dans l’Oreille est hardie, c’est par ICI !
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