Des récits autour de Monsieur de Lapérouse, explorateur des mers pour le compte de Louis XVI, il y en a eu. D’ailleurs, l’une des inspirations de Marie-Agnès Le Roux pour ce projet de bande dessinée a été ce qu’on appelle un beau livre L'expédition Lapérouse de Bernard Jimenez (éd. Glénat) où l’histoire - et ce qu’il faut bien appeler le mystère - de Lapérouse étaient retracés, documents et iconographie à l’appui.
Un formidable point de départ pour un récit haut en couleurs emmenant ses lecteurs au coeur du Pacifique. L’idée est alors proposée à un scénariste chevronné Laurent-Frederic Bollée (qui au passage avait déjà mis en scène Lapérouse dans une autre BD, Terra Australis, consacré à la découverte de l’Australie !).
Les deux scénaristes sont ensuite rejoints par le dessinateur italien Vincenzo Bizzarri pour s’atteler à la réalisation de ce qui deviendra Lapérouse 64. Marie-Agnès Le Roux et Laurent-Frédéric Bollée reviennent sur les origines du projet dans L’Oreille est hardie :
À la recherche de Mr Lapérouse
La recherche des deux vaisseaux de Lapérouse échoués en 1788, L’Astrolabe et La Boussole, a suscité au fil des siècles bon nombre d’autres explorations et d’expéditions. Avec une obsession : mettre fin à ce mystère (qui aura duré au moins 176 ans!) et tenter de comprendre ce qui était arrivé à Lapérouse et son équipée, soit 220 hommes au total à bord des deux bateaux.
On a perdu la Boussole
Voilà quelques unes des raisons qui ont incité Marie-Agnès Le Roux et Laurent-Frédéric Bollée - avec le dessinateur Vincenzo Bizzarri - à réaliser cette BD qui suit l’expédition menée en 1964 par la Marine Française pour retrouver au large de Vanikoro le lieu d’échouage de La Boussole.
Aucun des trois co-auteurs n’a pu faire le déplacement dans cette région du Pacifique pour s’imprégner des lieux historiques où se déroule leur histoire. Mais le récit comme l'illustration ont fait l'objet d'une documentation rigoureuse, riches et variées en sources, quia permis de raonter au plus près des faits l'Histoire et l'histoire qu'ils avaient en tête.
Mission Pacifique, bleu Marine
Pas déplacement sur place donc... Il n’empêche : le lecteur y est indéniablement. Et suit les traces du capitaine Guerin, militaire, plongeur qui doit rejoindre l’équipe de la Marine Nationale embarquée pour retrouver la trace de la Boussole. Au départ il n’entend rien à toutes ces considérations historiques et ne comprend pas non plus l’acharnement de la Marine à rechercher à tout prix les restes d’un bateau qui a sombré presque deux siècles plus tôt.Acharnement symbolisé par l’attitude obsessionnelle du commandant de la Marine...
Si les personnages et leurs traits de caractère sont fictifs, pour donner de la péripétie au récit, les circonstances, elles, sont exactes et les contours de cette mission ordonnée en 1964 restent eux bien réels.
Une BD comme au cinéma
Pour autant, pour lui donner un aspect cinématographique et des airs d’aventures type chasse aux trésors, les deux scénaristes, tout en respectant les faits, ont pris quelques libertés. Comme celles de changer les noms des protagonistes tout en conservant leurs fonctions ou les faits auxquels ils sont rattachés. Comme celles d’ajouter un personnage féminin alors qu’aucune femme ne figurait dans la mission originale. Personnage de journaliste et plongeuse accomplie qui est chargée d’ailleurs de raconter tout ce qui se déroule au cours de la mission.
Le tout, histoire de créer une forme de suspense et un fil narratif suffisammenet riche pour tenir le lecteur en haleine comme pour un film d'aventures. Pari réussi.
Écoutez L’Oreille est hardie...
Et découvrez ce récit passionnément sur l’entêtement des hommes à percer les mystères de ce monde, sur un pan d’histoire qui éclaire un peu toute cette zone Pacifique de la Nouvelle-Calédonie à Vanikoro, niche non loin des îles Salomon.
Une bande dessinée qui se lit vraiment comme un film avec rebondissements et suspense à la clé. Et pour découvrir aussi cet épisode peut-être moins connu de 1964 mais qui a largement contribué à élucider le mystère des vaisseaux de Laperouse, ouvrant la voie en tout cas aux découvertes déterminantes jusque dans les années 2000.
Retrouvez le mystère Lapérouse et Marie-Agnès Le Roux et Laurent-Frédéric Bollée dans L'Oreille est hardie, c'est ICI !
Ou par là :
"Lapérouse 64", par Marie-Agnès Le Roux et Laurent-Frédéric Bollée au scénario et Vincenzo Bizzarri aux dessins, est paru aux éditions Glénat.