C’est un artiste profondément enraciné dans sa terre natale et volcanique que L’Oreille est hardie rencontre à Fort-de-France, en Martinique, de retour de Paris où il a donné un nouveau concert autour de son dernier album Insula. Maher Beauroy a choisi de vivre dans son île, d’y faire évoluer sa musique et ses projets. Ce qui ne l’empêche nullement de voyager - en vrai et en musique - vers toutes les destinations. Comme il l’a prouvé avec cet album Insula, fusion de la Caraïbe et du Maghreb. Histoire à la fois intime et collective que Maher Beauroy nous raconte dans L’Oreille est hardie :
Un parcours "académique"
"Je suis un amoureux de la fusion" dit Maher Beauroy pour débuter son autoportrait. Si le compositeur et pianiste qualifie son parcours de "plutôt académique" - de ses premiers pas musicaux et vers le jazz en terre natale, en Martinique à ses études de musicologie à l’université à Paris puis au "Berklee College of Music" de Boston aux États-Unis - ce sont les expériences et les rencontres qui déterminent les chemins qu’il emprunte.
Des rencontres
Comme par exemple, sa rencontre avec un autre étudiant en musique Redha Benabdallah, d'origine franco-algérienne. Elle lui permettra de jeter les bases du projet, du concept d’Insula. Les points communs que les deux jeunes musiciens se trouveront, se concrétiseront dans l’idée de mêler les rythmes des musiques caribéennes et celle de la musique algérienne.
Et par-dessus les notes, de faire entendre la parole, les textes de l’écrivain Frantz Fanon, psychiatre et écrivain martiniquais, militant engagé auprès des Algériens pour l’indépendance du pays, alors colonie française.
Des équilibres
Maher Beauroy mènera finalement ce projet seul - du moins pour l’orchestration générale - tout en conservant la nature du projet initial. Travaillant sa musique caribéenne-orientale comme un équilibriste pour chaque morceau. Élaborant une musique jazz à la fois populaire, facile d’accès pour une orchestration disons plus sophistiquée. Avec ce souci supplémentaire de donner à entendre Frantz Fanon.
Faire entendre Fanon
Pour cela, Maher Beauroy puise d’abord dans le souvenir de ses lectures puis s'attèle à redécouvrir l’écrivain (son père lui avait offert un exemplaire de Peau noire, masque blanc mais il avoue n’avoir pas été au bout à la première lecture !). Il fait même appel aux spécialistes de Frantz Fanon pour être sûr de ne pas dénaturer sa parole. Enfin, un choix de textes est effectué, en partie aussi par celle qui les interprètera dans Insula, Florence Baudin.
C’est sous cette forme (textes, voix et musique) que l’album, depuis sa sortie, voyage en concerts, avec une bonne partie de celles et ceux qui ont enregistré la dizaine de morceaux sous la direction de Maher Beauroy. Quelques dates ont jalonné l’année 2022. Encore récemment le mois dernier, Maher Beauroy et son quintet ont joué sur la scène du Duc des Lombards à Paris.
Écoutez L'Oreille est hardie...
Et apprenez les envies et les autres rencontres qui attendent déjà Maher Beauroy, dont notamment un projet à venir avec un autre compositeur, Mike Ibrahim, dans les prochains mois mais aussi l'envie ou le besoin de partager avec les plus jeunes qui se destinent également à la musique.
Retrouvez Maher Beauroy dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"Insula", dernier album de Maher Beauroy, produit par Tropiques Atrium.