PORTRAIT. Bassa Mawem, le "spiderman" guyanais, rêve de sa médaille olympique à Paris

C’est dans les falaises qu’il a commencé l’escalade à 15 ans, avant de se spécialiser dans le bloc. Bassa Mawem est la rock star française de l’escalade de vitesse. Sélectionné pour Paris 2024, il est prêt à représenter la Guyane sur la scène internationale, et peut-être à aller décrocher un nouveau record.

C'est par la grande porte que le Guyanais s'est qualifié pour ses seconds Jeux Olympiques. En septembre dernier, il remporte le tournoi de Rome, et en même temps, son ticket pour tenter de glaner l'une des seules distinctions qu'il lui manque : la médaille olympique. 

Malgré son record établi à 5 secondes 45 en phase de qualification lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, Bassa Mawem ne verra jamais la finale, victime d'une rupture totale du tendon du biceps sur une épreuve de difficulté. "J'ai le biceps qui remonte jusqu'à l'épaule" avait-il confié au journal L'Équipe. Cruel pour le grimpeur qui occupait pourtant une place de favori dans la compétition.

Une vie à bloc

Remonté sur le bloc en 2022, Bassa Mawem remporte son sixième titre de champion de France. Il est décidément de retour. "Grimper, c'est ma vie !", assure celui qui s'est désormais installé en Nouvelle-Calédonie.

L'escalade est un sport exigeant. Bassa Mawem le sait bien. "Ça fait 25 ans que je grimpe, je grimpe plus que je ne marche" s'amuse-t-il. "C’est dur physiquement. Mais c’est encore plus dur nerveusement parce qu’il faut beaucoup se concentrer pour pouvoir être régulier. Ne pas faire d’erreur, aller vite, donner le meilleur de soi-même"

Bassa Mawem en pleine répétition et concentration avant l'épreuve de vitesse à Toulouse

Quinze mètres, un bloc incliné de cinq degrés à gravir en moins de six secondes. La tâche est colossale. "On me surnomme souvent Spider-Man, avoue le grimpeur. C’est sûr que l’on court sur des murs, donc forcément ça ressemble. Mais nous, on se voit comme des athlètes, juste des athlètes de très haut niveau qui s’entraînent comme des dingues, pour tenter d’aller le plus vite possible."

En plus d'une carrière semée d'embûches, Bassa Mawem fête cette année ses 40 ans. "Bassa, c’est un athlète un peu particulier" note Sylvain Chapelle, son entraîneur en équipe de France. "Il a 39 ans. Il est âgé par rapport à tous les autres. Les autres, la moyenne d’âge, c'est plutôt 23, 24, 25 ans." Une particularité gage de plus de maturité, non négligeable pour les Jeux à domicile. "Il a forcément beaucoup plus d’expérience, que peuvent avoir tous les autres. Et puis c’est un athlète qui a aussi gagné beaucoup de compétition.", complète le coach.

Briser la malédiction des Jeux

"Pour moi, Paris 2024, c’est vraiment un évènement qui sera exceptionnel.", s'exalte le Guyanais." Ça va être mes 2ᵉˢ Jeux. Et mes derniers. Parce qu’après, j'arrête. J’arrête ma carrière. Donc déjà, juste pour ça, c’est quelque chose d’exceptionnel. » Des Jeux Olympiques à domicile, à côté desquels il ne peut pas se permettre de passer. Mais pour ce Calédonien de cœur, pas question, non plus, de crier victoire trop rapidement. "Je ne me dis pas que la médaille est pour moi, mais dans mes entrainements, je m’investis pour pouvoir tenter de la prendre. L’objectif, c'est de donner le meilleur de moi-même, sur ma dernière compétition."

La malédiction de Tokyo sera-t-elle brisée à Paris ? Bassa Mawem ajoutera-t-il l'or olympique à son palmarès avant de tirer sa révérence ? Réponse au Bourget, le 8 août prochain.