Portrait : Damien Inglis, basketteur guyanais plein d’espoir qui se bonifie avec le temps

Au moment de notre première rencontre, nous sommes début novembre et l’Equipe de France entame son avant-dernière fenêtre de qualification pour la Coupe du Monde 2023. Les têtes d’affiche françaises de la NBA étant absentes, ainsi que les joueurs évoluant en Euroligue, l’ensemble des projecteurs se braque sur les petits nouveaux, notamment sur le phénomène Victor Wembanyama.

Quelques mètres plus loin, assis sur une chaise grise, maillot d’entrainement de l’Equipe de France posé sur les épaules, un petit nouveau se présente devant nous. Large sourire, cheveux courts, les yeux qui scintillent comme un enfant. Un grand gaillard de 2,06 nous attend, heureux de vivre ses premiers moments en équipe de France à 27 ans.

"Je suis heureux d’être là, ça fait des années que j’attends ça" nous dit-il dans un premier temps, avant de nous faire part de son amertume. "Mon seul petit regret, il a fallu que je quitte la France et aille m’exiler en Espagne pour que mon travail soit enfin reconnu". Il faut dire que la première partie de carrière de Damien Inglis, ne fut pas un long fleuve tranquille.

Formé au centre fédéral de basketball français, et passé par l’INSEP, le Guyanais termine meilleur joueur de sa promotion et attise la convoitise de nombreux clubs français, qui veulent l’attirer dans leur effectif. Il décide de s’engager à Roanne en Pro A et effectue ses débuts en professionnel en 2013. Joueur athlétique et polyvalent, ses qualités ne laissent pas insensible les recruteurs de franchise américaine. En 2014, tout jeune et avec une expérience limitée du haut niveau, il décide de sauter le pas et s’inscrit à la draft. Il est choisi en 31ᵉ position par les Bucks de Milwaukee. Cette draft, marque le début de son odyssée.

Du rêve américain au soleil espagnol

Gêné par plusieurs blessures, Damien Inglis ne parvient pas à s’imposer en NBA et enchaîne des contrats avec diverses équipes américaines sans plus ou moins convaincre, Bucks de Milwuake, Knicks de Westchester en D-League (la réserve de la NBA). En 2017, le natif de Cayenne décide de retourner en Europe et s’engage en décembre de la même année avec le club de Strasbourg. Interrogé sur son aventure en Amérique, le joueur ne regrette rien "C’est dans la nature humaine de se dire qu’on aurait pu mieux faire. Mais toutes les décisions que j’ai prises, j’en suis fier, et ça m’a permis d’être là aujourd’hui. Mon parcours est un peu différent, mais j’aime beaucoup les décisions que j’ai prises ... ".

La vie n’étant pas une fatalité, chacun se construit à son rythme et surtout trace son propre chemin. Celui de Damien pour arriver en équipe de France fut certes long, mais celui qui porte sa Guyane natale dans son cœur, sait où il veut aller.

Après son expérience strasbourgeoise, il va beaucoup voyager ; deux saisons à Limoges, un retour à Strasbourg en 2019-2020, avant un dernier saut en France à Monaco durant la saison 2020-2021. Heureux qui, comme Ulysse, a fait un bon voyage, Damien cherche de la stabilité et un nouveau challenge. Le Guyanais quitte alors le championnat français et se dirige vers l’Espagne. Il s’engage en Liga ACB avec le club de Bilbao Basket.

Début pluvieux, suite enchantée

En Espagne, Damien Inglis se fait un nom et ses qualités physiques lui permettent de s’imposer rapidement dans ce championnat. "Le championnat espagnol est fait pour moi, là-bas je suis heureux et en plus mon basket est reconnu à sa juste valeur, à tel point qu’aujourd’hui je suis appelé en équipe de France". Depuis cette saison, le joueur évolue dans l’équipe de Gran Canaria, actuelle 7ᵉ de la saison régulière de la Liga. Epanouie, Damien ne se voit pas quitter l’Espagne et se verrait bien prendre  "racine", lui qui espère être de la partie pour la coupe du monde 2023 avec les bleus de Vincent Collet.

Très apprécié dans le groupe France depuis son arrivée, Damien Inglis se fond dans le collectif et profite de chaque minute. Le Guadeloupéen Ruddy Nelhormme, entraineur adjoint de l’Équipe de France, ne tarit pas d’éloge à son égard "Damien, on savait que c’était un joueur important, mais ils n’avaient pas encore la maturité, qu’il a atteint comme beaucoup vers 24- 25 ans. Aujourd’hui, c’est un joueur qui nous apporte énormément d’expérience, donc nous sommes très contents de le récupérer dans les fenêtres internationales.".

Focalisé sur sa fin de saison qui s’annonce excitante avec son club de Grand Canaria, Damien Inglis veut continuer de briller pour ne pas quitter cette équipe de France, qu’il a si longtemps attendue.