223 300 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France l’année dernière. 14 900 ont été réalisées Outre-mer. En moyenne, 29,5 avortements pour 1000 femmes de 15 à 49 ans ont été réalisés dans les DROM. C’est deux fois plus que dans l’Hexagone, où la moyenne est de 14,9, selon une récente étude de la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Dress).
Au-delà des moyennes, de fortes disparités existent entre les territoires. On compte 43,3 IVG pour 1 000 femmes de 15-49 ans en Guadeloupe, 29,3 en Martinique, 43,1 en Guyane, 22,3 à La Réunion et 20,4 Mayotte. En comparaison, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, la région de l’Hexagone avec la moyenne la plus haute, 21,8 IVG pour 1 000 femmes de 15-49 ans ont été recensés en 2021.
Une situation ancienne
Cette situation n’est pas nouvelle et les chiffres évoluent très peu. En 2008 déjà, les avortements étaient deux fois plus fréquents dans les DROM que dans l’Hexagone. Mais comment expliquer une telle différence ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées.
La Drees, qui reconnait ne pas disposer de "beaucoup d’éléments explicatifs" souligne néanmoins que "les taux de fécondité sont aussi différents dans les DROM et en métropole", ce qui pourrait expliquer en partie l'écart.
Se pose aussi la question de l'accès à l'information concernant la contraception. Le recours à l'avortement peut être interprété comme une solution de dernier recours, parce que les femmes concernées n'ont pas eu accès à une contraception efficace. Mais cette hypothèse se heurte à la stabilité des chiffres : malgré de nombreuses campagnes de sensibilisation autour de la contraception, les taux de recours à l'avortement restent très stables depuis le début des années 2000.
Des IVG pratiquées dans des cabinets
Outre la fréquence des avortements, l’étude de la Dress se penche aussi sur le type de structure où ont été réalisés les IVG : dans des centres hospitaliers ou dans des cabinets de ville. La pratique des IVG en cabinets de ville est très répandue dans les DROM, et se développe plus fortement qu’ailleurs en France.
Est-ce parce qu’elles ont moins accès à des centres hospitaliers que les Ultramarines se tournent vers des cabinets de proximité ? Pas forcément, répond la Drees : "les résultats d’une enquête de 2019 sur les délais d’accès [à l’avortement] ne semblent pas montrer de problème spécifique dans les DROM". Le délai moyen d’accès à une IVG est de moins de 6 jours en Guadeloupe et à La Réunion, et de 6 à 8 jours en Guyane. Des chiffres proches de la moyenne nationale, évaluée à 7 jours. Néanmoins, les données de cette enquête sont incomplètes, puisque la Martinique et Mayotte sont exclues de l’étude.