Le journaliste martiniquais Harry Roselmack sort son premier film, "Fractures", mais pas dans les salles. Faute de distributeur, il est visible en VOD à partir de ce vendredi 9 novembre 2018. Il est dédié à la policière municipale martiniquaise de Montrouge, Clarissa Jean-Philippe, abattue en 2015.
Lors d’une soirée sur un yacht au large de la Côte d’Azur, une escort girl, Fariha (Alexandra Naoum), va croiser le chemin de Youssouf (Benoît Rabillé), serveur engagé pour l’occasion, et converti à l’islam le plus radical. A bord également, entre autres, un maître d’hôtel raciste (Romain Rouveyrollis), un roi du rap bling bling, macho et imbu de lui-même (Tony Harrison)… Et ce suspens : le bateau va-t-il exploser ?
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Un premier film
Réalisateur de documentaires en immersion dans la société française pour TF1, le présentateur de « 7 à 8 » sur la même chaîne réalise là son premier film de fiction. Tourné en Bulgarie, sans beaucoup de moyens, il use (et abuse un peu) de la caméra subjective, et a surtout recourt à de longues séquences de dialogues en intérieur. Le scénario fait vivre des personnages caricaturaux, mais dont les propos sonnent vrais. Il s’agit de raconter une « fable contemporaine » entre film social, thriller et histoire d’amour. L’affrontement central se fait entre une prostituée et un djihadiste converti…Les communautarismes
Le film est dédié « à la mémoire de Clarissa Jean-Philippe et à toutes les victimes de nos fractures ». La policière municipale martiniquaise de Montrouge a été abattue en janvier 2015 par le terroriste de la prise d’otage de l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris. En présentant son film sur grand écran à l’occasion de la 3e Semaine du Film Positif en marge du dernier festival de Cannes, Harry Roselmack expliquait que « le système républicain a fait des promesses, mais elles ne sont pas tenues, et les conséquences sont terribles, ça crée trop de frustration ». Sur ses personnages caricaturaux : « Je n’humilie personne, y compris le maître d’hôtel raciste, il faut l’écouter. Tous mes personnages ont fait de mauvais choix, pour de bonnes raisons ». Pour lui, il y a aussi de bons et de mauvais communautarismes.Un financement martiniquais
Le film n’a pas trouvé le chemin des salles de cinéma, depuis sa première projection à New York, au Chelsea Film Festival, en octobre 2017, et malgré sa projection sur la croisette en mai dernier, en marge du Festival de Cannes et de son marché du film. Son montage financier avait lui aussi été compliqué. Il n'a bénéficié que d’un seul guichet public : celui de la collectivité territoriale de Martinique. Même si le film n'a pas été tourné sur l'île, mais en Bulgarie, pour des raisons économiques, c'est un financement qui a du sens pour Harry Roselmack.Un film optimiste et... créole
« Fractures » pourrait se résumer à un constat pessimiste sur l’état des rapports entre les communautés, les hommes et les femmes, les religions, dans la France d’aujourd’hui. Mais au contraire, pour son réalisateur, c’est un film optimiste, qui parle des vertus du dialogue. En ça, c'est même pour lui un film créole.Fractures, d'Harry Roselmack, à voir sur fractureslefilm.com à partir du 9 novembre 2018►Pour en savoir plus, regardez ce reportage de Kelly Pujar :