Près d'un Ultramarin sur trois a subi une discrimination ces cinq dernières années

Dans le cortège de la Marche contre le racisme à Paris, le 30 novembre 2013
Dans son dernier rapport annuel sur les discriminations en France qui vient d'être publié, l'Observatoire des inégalités estime que la société française est moins raciste, moins sexiste et moins homophobe, mais elle reste toujours violente quand il y a de l'intolérance.

Les Français sont plus ouverts et tolérants qu'il y a 20 ans, mais du côté de ceux qui ne le sont pas, il y a toujours autant de violence, voire davantage. C'est ce qui ressort du dernier rapport annuel sur les discriminations en France de l'Observatoire des inégalités qui vient d'être publié et relayé par France Inter.  

Selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), entre 2003 et 2023, la proportion de Français déclarant n'être "pas du tout racistes" a été multipliée par deux en 20 ans, passant de 30% à 60%. Par ailleurs, il y a trois fois moins de Français qui estiment qu'il y a des "races supérieures" : 5% aujourd'hui contre 14% il y a 20 ans.

Tendance à la baisse aussi concernant l'homophobie : 85% des personnes interrogées estiment que l'homosexualité est "une manière comme une autre de vivre sa sexualité", selon l'Ifop. Elles étaient 67% il y a 20 ans.  

Le sexisme, selon les données du ministère des Solidarités, est également moins présent chez les Français. Par exemple, la part de ceux qui considèrent que "dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants" a été divisée par deux entre 2003 et 2023, passant de 40% à 20%.

2 millions de victimes d'injures par an

Malgré ces améliorations, "les manifestations les plus violentes de racisme, de sexisme ou de LGBTphobie ne reculent pas", souligne l'Observatoire des inégalités en rappelant les données sans appel du ministère de l'Intérieur.  
 
12.500 crimes et délits à caractère raciste ont été enregistrés par la police et la gendarmerie en 2022 et 2.400 crimes et délits anti-LGBT cette même année, des chiffres en hausse sur ces cinq dernières années. En 2020, 200.000 crimes et délits à caractère sexiste ont été signalés. Et selon l'Insee, les personnes handicapées ont 60% de risques en plus qu'une personne valide de subir des violences physiques ou sexuelles. 
 
"Plus de 500.000 personnes déclarent avoir subi une injure raciste, 150.000 une injure homophobe et 1,4 million de femmes une injure sexiste, au cours d’une année", peut-on lire dans le rapport.

32% des Ultramarins discriminés

Une grande part de ces discriminations est aussi dissimulée, notamment quand il s'agit de situations illégales, comme la discrimination à l'emploi ou quand il s'agit de trouver un logement. 

Selon le rapport, près d'une personne sur cinq âgée de 18 à 49 ans (18 %) dit avoir subi au moins une discrimination au cours des cinq dernières années (selon l'Ined et l'Insee). Un chiffre qui grimpe à 28 % pour les descendants d'immigrés, et 32 % pour les personnes nées en Outre-mer.

Ces chiffres, toutefois, sont en partie liés à une libération de la parole, car si "les formes les plus violentes de discrimination et de rejet ne semblent pas diminuer (...), des faits autrefois passés sous silence sont plus souvent dénoncés et mieux enregistrés".