Le président comorien veut une circulation des personnes "facilitée" avec Mayotte

Azali Assoumani
Le président de l'Union des Comores, Azali Assoumani, souhaite que la circulation entre son archipel et l'île française de Mayotte soit "facilitée", a-t-il expliqué dans un entretien mercredi à l'AFP, après la signature avec le président Macron d'un accord-cadre entre les deux pays.
 
"Si aujourd'hui la France a accepté de nous octroyer 150 millions d'euros sur trois ans, ça veut dire qu'on a de très bonnes relations", a expliqué Azali Assoumani. "Maintenant il faut que la circulation des personnes soit facilitée".
    
Emmanuel Macron et Azali Assoumani ont signé lundi un accord-cadre entre les deux pays prévoyant, entre autres, 150 millions d'euros sur trois ans de fonds au profit des Comores, notamment pour la santé, l'éducation, la formation professionnelle.
 

48% d'étrangers à Mayotte 

Mais les deux hommes ont reconnu qu'un point de désaccord entre les deux pays persistait sur la question de l'appartenance de Mayotte, que Paris considère comme française, tandis que les Comores la voient comorienne.
    
En 2018, l'Union des Comores avait déclenché une crise diplomatique avec la France, en refusant de réadmettre durant neuf mois sur son sol ses propres ressortissants expulsés de Mayotte. "Un petit problème résolu" et "derrière nous", selon Azali Assoumani.
    
Le président comorien réclame toujours "la levée des visas Balladur", instaurés en 1995 et obligatoires pour les ressortissants comoriens souhaitant aller à Mayotte. Il souhaite que "l'octroi de visas soit facilité" et que les refus de visa soient motivés. 
    
Sans visa, il n'y aurait pas autant de Comoriens à Mayotte, a-t-il assuré. L'île française compte 48% d'étrangers dans sa population, dont une large majorité de Comoriens. Auparavant, "on allait et on revenait". Mais selon lui, la difficulté d'obtention du visa pousse les Comoriens à rester à Mayotte, de peur de ne pas pouvoir faire des allers et retours entre les îles. 
    
L'accord-cadre souligne que "tout en maintenant l'obligation de visas pour la France", il est prévu "la simplification du traitement des demandes".
 

Nouvel hôpital

Les Comores se sont engagées de leur côté à mettre en place un plan de lutte contre le départ irrégulier d'embarcations vers Mayotte. "Les gens qui partent (...) pour aller à Mayotte, je veux m'en charger, parce que je n'ai pas besoin qu'ils meurent en mer. C'est mon devoir d'assurer leur sécurité". 
    
Quant aux mineurs comoriens isolés présents à Mayotte, il considère que "c'est aux Français de gérer", même si l'accord-cadre prévoit un "groupe de travail conjoint" sur cette question.  
    
Pour son archipel, Azali Assoumani veut développer trois "potentiels" : l'agriculture, la pêche et le tourisme. L'accord-cadre prévoit 44 millions d'euros pour la santé, 55 millions pour l'insertion socio-économique, 38 millions pour l'éducation et 10 millions pour l'aménagement de Mohéli, celle des trois îles de l'archipel qui est le moins structurée. 
    
Avec plus de 75% de la population des Comores qui a moins de 30 ans, le président comorien a insisté sur l'importance de former les jeunes et notamment une main-d'oeuvre "qualifiée et moins chère" que celle des pays voisins, attractive d'un point de vue régional. 
    
Chaque année, les Comoriens dépensent l'équivalent de 40 millions d'euros pour se faire soigner à l'étranger, a dit le chef de l'État. Il a indiqué qu'un nouvel hôpital à Moroni (capitale), qui comptera de 600 à 1.000 places (contre 200 dans l'actuel), serait terminé dans un an et demi. "Ce qui m'importe, c'est que dans cinq ans, j'aie des bons résultats à montrer aux Comoriens", a-t-il conclu.