Le président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage Jean-Marc Ayrault veut rebaptiser les salles ou bâtiments Colbert

La statue de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), contrôleur général des finances, réalisée par Jacques-Edme Dumont au début du XIXème siècle. Elle trône devant le Palais Bourbon, où siège l'Assemblée nationale à Paris.
Jean-Marc Ayrault a demandé samedi de rebaptiser une salle Colbert à l'Assemblée nationale ainsi qu'un bâtiment de Bercy portant le nom du ministre à l'initiative en 1685 du Code noir, l'ancien Premier ministre s'attirant les foudres de la majorité.
"J'en appelle au président de l'Assemblée nationale et au ministre de l'Economie et des Finances : le moment est venu de trouver un autre nom pour ces lieux", écrit M. Ayrault, actuel président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, dans une tribune au Monde, daté de dimanche et lundi. "J'en appelle aussi au président de la République et au gouvernement, car cette pédagogie de la diversité concerne toutes les institutions. La France est depuis des siècles un pays d'ouverture et de fraternité. N'ayons pas peur de l'affirmer, de l'incarner, de le célébrer", plaide l'ancien chef du gouvernement socialiste.
    

Polémique mémorielle

Dans le sillage des manifestations américaines antiracistes, les monuments et statues liés à l'histoire coloniale française ou à la traite négrière se retrouvent à nouveau au centre d'une polémique mémorielle. Le président de l'Assemblée Richard Ferrand a répondu sur Twitter à M. Ayrault que "lutter contre le racisme exige de garder mémoire et raison ; 23 ans maire, 5 ans président de groupe à l'Assemblée, réuni en salle Colbert, Jean-Marc Ayrault n'a pas jugé utile de débaptiser ni la rue Colbert à Nantes ni cette salle", a ajouté ce "marcheur" issu des rangs socialistes.
    
L'ancien locataire de Matignon a répliqué sur le même réseau social que "le travail de mémoire prend du temps, pour ma part je l'ai engagé dès 1989 avec la ville de Nantes et en 2001 avec la loi Taubira".
     
Comme d'autres parlementaires, la porte-parole de La République En Marche Aurore Bergé s'est dite "fière d'être une députée qui occupe un lieu dont l'histoire nous dépasse et nous rappelle chaque jour ce pour quoi nous avons été élus". "Je ne veux pas d'un pays à l'histoire trafiquée, aux statues abattues, à la complexité des hommes abolie. Le révisionnisme agit dans les deux sens quand on parle des bienfaits de la colonisation et quand on veut déboulonner les statues de Churchill ou de Colbert", a-t-elle ajouté à L'Express. Pour sa part, le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a répondu à l'ancien Premier ministre de François Hollande que Colbert, ministre de Louis XIV, "a servi la France et a contribué à sa grandeur". La Ligue de défense noire avait lancé un appel il y a une semaine à déboulonner une statue de Colbert devant le Palais Bourbon.