Présidentielle aux Comores : 13 candidats retenus, les principaux opposants exclus

Le président des Comores Azali Assoumani, le 25 janvier 2019 à Paris.
La Cour surpême des Comores a dévoilé la liste des candidats pour l'élection présidentielle anticipée du 24 mars prochain. Ils seront treize et les principaux opposants au chef de l'Etat sortant ont été exclus.
Treize candidats participeront à l'élection présidentielle anticipée du 24 mars aux Comores, a annoncé samedi la Cour suprême, qui a rejeté les candidatures des principaux opposants au chef de l'Etat sortant Azali Assoumani, autorisé à se représenter.

Parmi les candidats retenus, seul Azali Assoumani est soutenu par un parti, la Convention pour le renouveau des Comores (CRC), les autres se présentant comme indépendants.

La Cour suprême, dont tous les membres ont été nommés par Azali Assoumani, a décidé d'invalider sept candidatures, dont celles des deux principaux concurrents au président sortant : Mohamed Ali Soilihi, dit Mamadou, aujourd'hui chef de l'Union de l'opposition, qui regroupe une dizaine de partis, et Ibrahim Mohamed Soulé, candidat du parti Juwa.
 

"Un hold-up électoral"

"On me reproche d'avoir dissimulé dans mon patrimoine une société cotée à plusieurs milliards, dont moi-même je n'ai pas connaissance", a ironisé Mamadou, joint par l'AFP. "Tous les candidats de l'opposition soutenus par des partis qui pouvaient faire barrage à Azali ont été éliminés, il ne reste que des candidats indépendants qui ne présentent aucune menace sérieuse", a estimé le chef de l'opposition, dénonçant "un hold-up électoral dont le résultat est connu d'avance".

Quant à Ibrahim Mohamed Soulé, sa candidature a été invalidée car son dossier "a été signé par le secrétaire général adjoint du parti", et non par le secrétaire général Ahmed el-Barwane emprisonné depuis plusieurs mois. "Ma candidature a été rejetée au motif que je n'ai pas apporté la preuve de l'empêchement de Barwane, c'est fou !", a-t-il réagi.
 

Réforme constitutionnelle contestée

Les Comoriens sont appelés aux urnes le 24 mars pour le premier tour d'une présidentielle anticipée. Le président Azali Assoumani, ancien putschiste élu en 2016 à la fonction suprême, avait promis d'organiser ce scrutin après l'adoption l'an dernier par référendum d'une réforme constitutionnelle contestée. Cette réforme permet au président d'accomplir deux mandats de cinq ans consécutifs, contre un seul auparavant.

Elle maintient le système de présidence tournante entre les trois îles de l'archipel (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli), mais prévoit l'alternance tous les dix ans, au lieu de tous les cinq ans. L'opposition a dénoncé la remise en cause de ce fragile équilibre, qui a permis au début des années 2000 de mettre un terme aux crises séparatistes dans l'archipel. Elle a également crié à la dérive autoritaire. 

Des dizaines de responsables et de militants de l'opposition ont été arrêtés ces derniers mois. En cas de succès en 2019 puis en 2024, l'ancien putschiste Azali pourrait rester au pouvoir jusqu'en 2029.