Procès de la Yemenia : "Ce n'est pas les condoléances, c’est la Justice qui permet de tourner la page", témoigne la seule survivante

Bahia Bakari, seule survivante du crash de la Yemenia, le 18 mars 2024 à Paris.
Quinze ans après le drame, Bahia Bakari, à la fois victime et témoin dans cette affaire, a fait sa déposition ce lundi 18 mars lors du procès en appel de la compagnie aérienne.

"J’aimerais que la compagnie soit déclarée coupable pour qu’on puisse tous passer à autre chose, explique Bahia Bakari. On a tous envie de tourner la page." La jeune femme est à la fois témoin et victime dans le procès en appel de la Yemenia Airways, qui se tient depuis le 4 mars dernier à Paris.

Après trois heures de déposition, elle se dit "soulagée". "C’est un moment que j’appréhende, ce n’est jamais un exercice facile de passer devant le tribunal et de raconter mon histoire", explique Bahia Bakari, qui a dû, à nouveau, se replonger dans l'horreur de la nuit du 29 au 30 juin 2009.

Ce jour-là, un avion de la Yemenia Airways reliant le Yémen aux Comores s’abime en mer. Bahia Bakari survie miraculeusement en s'accrochant à l'un des morceaux de l'appareil. Des pêcheurs finissent par la secourir plus de dix heures après la chute de l'avion. Pendant l'audience, la présidente a souligné la résilience de la jeune femme et la force dont elle a dû faire preuve pour survivre.

Au moment des faits, je ne me rendais pas compte. En étant plus grande, je réalise un peu plus à quel point j’ai pu être forte dans cette épreuve, mais au moment des faits, c’était quelques chose de normal.

Bahia Bakari

Pour la première fois, des excuses de la Yemenia

Comment une enfant de 12 ans a pu tenir des heures durant, dans l'eau, accrochée à l'un des débris de l'appareil ? Bahia Bakari ne s'explique pas ce tour de force, même si l’espoir de rejoindre sa mère, qui voyageait avec elle dans l’avion, lui a peut-être sauvé la vie. "J’étais convaincue que ma mère était arrivée. Ça m’aidait à tenir, je me disais que j’allais retrouver ma mère une fois sauvée", se souvient-elle. L’avion transportait 142 passagers et 11 membres d'équipage. Seule Bahia Bakari a survécu.

Conditions météorologiques difficiles, formation du pilote qui pose question, état de l'appareil, défaillance des feux des pistes de l'aéroport de Moroni... Le procès doit déterminer les responsabilités dans le drame. La compagnie est poursuivie pour homicides et blessures involontaires. Un premier procès s’est tenu en mai 2022. Condamnée à 225.000 euros d’amende, la Yemenia Airways a fait appel.

Le 7 mars dernier, à travers l’un de ses représentants, la compagnie aérienne a exprimé ses condoléances aux familles des victimes pour la première fois. "C’est un point positif, comparé au procès de première instance, où on n'avait rien eu, reconnaît Bahia Bakari. Mais ce n'est pas les condoléances, c’est la Justice qui permet de tourner la page, parce que les condoléances de la compagnie arrivent un peu tard."

Bahia Bakari envisage d'assister à d'autres jours du procès, qui doit durer jusqu’à 28 mars.