Crash de la Yemenia : un nouveau procès 15 ans après

Bahia Bakari, seule survivante du crash de la Yemenia, lors de son arrivée à l'aéroport du Bourget, début juillet 2009.
En 2009, un avion de la Yemenia Airways reliant le Yémen aux Comores s’abimait en mer, coûtant la vie à 151 personnes et ne laissant qu'une survivante. Condamnée à une amende en 2022, la compagnie a fait appel. Le procès doit se tenir jusqu'au 28 mars.

C’était dans la nuit du 29 au 30 juin 2009. Un avion de la Yemenia Airways reliant Sanaa, au Yémen, à Moroni, aux Comores, disparaissait des écrans radars avant de plonger dans l’océan Indien.

L’avion transportait 142 passagers, dont 65 Français, et 11 membres d'équipage. Une seule s’en est sortie. Bahia Bakari avait 12 ans lors du crash. Elle se rendait avec sa mère aux Comores pour assister à un mariage. Miraculée, la jeune fille a survécu en s’accrochant des heures durant à un morceau de l’appareil. Elle a finalement été secourue par des pêcheurs, plus de dix heures après la chute de l’appareil. "J'ai tenu car je croyais que ma mère était vivante", nous confiait la jeune femme en mai 2022. Âgée de 27 ans aujourd’hui, Bahia Bakari assistera au procès en appel qui s’ouvre ce lundi 4 mars à Paris.

Éclaircir les responsabilités

Mise en examen en 2013 pour homicides et blessures involontaires, la compagnie Yemenia Airways a déjà indemnisé les proches des victimes. Un premier procès s’est tenu en mai 2022, mais la compagnie a fait appel. L'enjeu est de démêler les responsabilités dans le drame. Le témoignage de Bahia Bakari était déjà au cœur du premier procès. Ses souvenirs — et notamment une intense décharge électrique que la jeune fille a ressenti avant de perdre connaissance — permettent d’évaluer les différentes thèses qui s’affrontent pour expliquer l'accident.

Bahia Bakari à l'issue de son audience lors du procès du crash de la Yemenia, le 23 mai 2022 à Paris.

Erreur humaine ? Problème technique ? Matériel défectueux ? Dans la nuit du 29 au 30 juin 2009, les conditions de vol sont délicates. Le vent est fort, et la piste de Moroni que vise l’avion est réputée difficile, d’autant qu’à l’époque, les feux de certaines pistes de l'aéroport dysfonctionnent. L’enquête pointe aussi des erreurs de pilotage : l’avion volait trop bas et, alors que le pilote aurait dû reprendre le contrôle de l’appareil, il ne l’a pas fait. 

225.000 euros d'amende

La Yemenia Airways est-elle responsable du drame, pour avoir fait voler un copilote dont la formation est jugée "fragile" par le tribunal et pour avoir maintenu ses vols de nuit vers les Comores malgré la météo défavorable et le dysfonctionnement des feux de l'aéroport ? Lors du premier procès, le banc des prévenus était resté vide. À l’époque, leur avocat évoquait le conflit qui ravage le Yémen pour justifier leur absence. Cette fois-ci, l'un des représentants de la compagnie devrait être présent.

En première instance, la compagnie a été jugée coupable d’homicides et blessures involontaires. La Yemenia Airways a été condamnée à 225.000 euros d’amende. Elle a aussi dû verser plus d'un million d’euros pour payer les frais de justice des proches des victimes et des associations qui les accompagnent.

Le procès doit se tenir jusqu’au 28 mars.