Procès Merah : 30 ans de réclusion pour le frère du tueur, la complicité retenue

Emilienne Jean-Baptiste et Me Laure Bergès-Kuntz au palais de justice de Paris
Abdelkader Merah condamné en appel à 30 ans de prison et reconnu coupable de complicité d'assassinats. C'est le verdict rendu jeudi. En 2017, le frère de Mohamed Merah avait été acquitté du chef de complicité. Loic Liber, rescapé de l'attaque de Montauban en 2012, apprendra la nouvelle à son réveil.

Le soulagement après sept ans d'attente et douze heures de délibération par la cour d'assises spéciale de Paris jeudi. C'est la première impression ressentie par Emilienne Jean-Baptiste, la mère de Loic Liber. Son fils unique, pensionnaire de l'Institution nationale des Invalides à Paris, n'a pas assisté au verdict. Le parachutiste guadeloupéen, cible de Mohamed Merah à Montauban le 15 mars 2012, aujourd'hui tétraplégique, apprendra la nouvelle à son réveil vendredi.

Je suis soulagée ce soir. Je suis très contente. Il a pris trente ans là maintenant, c’est bon.
Emilienne Jean-Baptiste, mère de Loic Liber


La cour d'assises spéciale de Paris statuant en appel a condamné jeudi Abdelkader Merah à 30 ans de réclusion criminelle et l'a reconnu coupable, contrairement à la première instance, de "complicité" des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed. Un verdict tombé comme une enclume dans le silence de la salle d'audience, bientôt ponctué par les larmes de reconnaissance des familles des victimes.

"Je suis très heureuse car je considère que la justice de mon pays a vraiment fait son travail. Nous avons eu une présidente particulièrement courageuse, particulièrement méticuleuse, et force est restée à la loi", s'est réjoui Me Laure Bergès-Kuntz, l'avocate de Loic Liber.

Dans son box, Abdelkader Merah, 36 ans, a à peine courbé les épaules. "Comment peut-on être complice de la chose la plus abominable qui soit et prendre 30 ans? Tous les professionnels de la justice sont surpris par ce verdict", a réagi l'avocat du principal accusé, Eric Dupond-Moretti, indiquant qu'il envisageait "bien entendu un pourvoi en cassation".
 

La complicité retenue 

Cette décision est une victoire de taille pour l'accusation, qui n'a pas obtenu la perpétuité requise mais a arraché la "complicité" des crimes commis par le jihadiste toulousain. C'était bien là l'enjeu majeur de ce procès en appel: déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah avant les tueries exécutées en solo par son frère, entre le 11 et le 19 mars 2012. La cour a estimé qu'il était bien coupable du vol du scooter utilisé par son frère lors des assassinats et qu'il était "complice" de ses crimes.
    
Les représentants du ministère public, qui avaient désigné les deux frères comme partageant une "communauté d'esprit, de projet et d'action", ont obtenu dix ans de plus qu'en première instance contre un homme présenté comme un "virtuose de la dissimulation". La cour d'assises a assorti la peine d'Abdelkader Merah d'une période de sûreté des deux tiers.
    
Elle a en revanche abaissé la peine du deuxième accusé, Fettah Malki, 36 ans, en le condamnant pour association de malfaiteurs mais en abandonnant la qualification terroriste: le petit délinquant toulousain s'est vu infliger une peine de 10 ans d'emprisonnement pour avoir fourni une arme et un gilet pare-balles à Mohamed Merah, contre 14 ans en première instance.