Projet de loi pouvoir d’achat : les députés ultramarins de la Nupes font bloc

Les élus ultramarins partagent tous le même constat d’une grande difficulté sociale.
Les députés ultramarins de la Nupes sont toujours en colère contre l’absence d’un volet Outre-mer dans le projet de loi pouvoir d’achat. Ils ont décidé de mener une action collective aujourd’hui lors d’une conférence de presse à 14 heures à l’Assemblée nationale.

L’image est inédite. Dans une salle de l’Assemblée nationale, des députés de la Nupes issus de La Réunion : Perceval Gaillard, Jean-Hugues Ratenon, Emeline K/Bidi, Frédéric Maillot, Philippe Naillet, des Antilles : Jean-Philippe Nilor, Christian Baptiste, de la Guyane : Davy Rimane et Jean-Victor Castor et de la Polynésie française ont tenu une conférence de presse commune. Objectif : parler d’une même voix forte et unie pour dénoncer le désintérêt du gouvernement vis-à-vis des Outre-mer.

Le Guyanais, Davy Rimane, explique cette démarche : “Physiquement, certains collègues étaient en circonscription pour la venue de monsieur Carenco. Aujourd’hui ça suffit, ça suffit de nous pointer du doigt. Il y a des populations qui sont en grande souffrance, il y a des difficultés sociales, économiques. Le gouvernement ne nous apporte pas de réponse claire, pas par manque de capacité mais manque de volonté. On prend acte de cela.(...) On veut que les gens puissent vivre dignement, décemment si on nous le donne pas on ira le chercher.” 

Les députés alertent sur un risque de crise sociale

Son collègue martiniquais Jean-Philippe Nilor, corrobore ses propos : “Nous avons tenu à figurer symboliquement. Notre indignation n’est pas individuelle, elle est territorialisée. On a été poussé à bout par l’attitude du gouvernement. Maintenant, nous disons qu’il est temps d’arrêter avec ces pratiques.(...) Nous exigeons qu’il y ait plus de considération pour les réalités que nous subissons. Le député alerte, le risque d’explosion sociale il est latent. Nous sommes des élus de terrain, nous portons cette alerte-là, on exagère par les choses. Nous n’avons pas à dissuader non plus les peuples de se mobiliser s’il est nécessaire. La misère et la souffrance sont décuplées dans nos territoires, qu’elles soient sociales ou économiques. 

Enfin, concernant la visite ministérielle aux Antilles, il la juge “indécente” et martèle : “On en a marre des visites éclairs avec des promesses et des engagements qui ne sont jamais tenus.”  Son collègue Guadeloupéen, Christian Baptiste met en garde lui aussi le gouvernement Macron II : “Les Macronistes n’ont pas compris que les Outre-mer ont rejeté leur politique. Le gouvernement Macron a été élu sur un rejet du Front National. Où est le compromis quand tous nos amendements sont rejetés ? La conséquence va être une explosion sociale.”

Concernant la proposition du projet de loi de mettre en place des primes pour les salariés, l’élu Réunionnais Frédéric Maillot rétorque : “On demandait une amélioration des salaires, on nous propose des primes. Quand on veut acheter les terres de nos ancêtres, lorsque l’on va à la banque, elle nous demande pas combien de prime on gagne, mais notre salaire. Les primes font passer nos rêves sous nos yeux. Le salaire nous permet de le caresser et de le prendre sous nos bras.”

Les débats commencés lundi dans l’hémicycle ne devaient durer que trois jours. Sachant sa majorité fragile, le gouvernement cherche des alliés pour voter sa loi. Aujourd’hui, il fait face à un nouvel obstacle : la colère des députés ultramarins.