Rapport sur l'impact du chlordécone : "Il est temps de réagir", estime Serge Letchimy

Justine Bénin, rapporteure, et Serge Letchimy, président de la commission d'enquête, lors de la conférence de presse de présentation des propositions.
La commission d'enquête parlementaire a présenté ce mardi 49 propositions pour gérer la crise du chlordécone avec l'espoir d'en sortir "d'ici 15 à 20 ans". Le président Serge Letchimy s'est dit "confiant" dans l'avenir, estimant qu'il était "temps de réagir".
La commission d'enqête parlementaire sur le chlordécone a présenté aujourd'hui ses 49 propositions pour gérer la crise, après six mois de travaux et près de 150 auditions dans l'Hexagone, en Guadeloupe et en Martinique. Parmi les propositions importantes, la nécessité de faire de la recherche sur la pollution au chlordécone une priorité nationale stratégique, la mise en place de fonds d'indemnisation pour les victimes sanitaires et économiques, la création d'un projet de loi d'orientation et de programmation ou encore, la nomination d'un délégué interministériel au chlordécone. 

► L'ensemble des mesures expliquées ici : 
Le rapport sera remis officiellement au gouvernement le 4 décembre. Aujourd'hui, le président de la commission, le député Serge Letchimy, se dit "confiant" quant à l'avenir, bien que "prudent".
  

Il faut être honnête, le gouvernement actuel a bougé. Honnêtement, si une république n’est pas en mesure de réparer ses graves erreurs, ce n’est pas la peine. C’est la confiance qui est affaiblie, le peuple qui ne se sent pas respecté. Je ne pense pas que la France prendra ce risque-là et nous ne l'accepterons pas non plus.
Serge Letchimy

 
Serge Letchimy se dit "pratiquement sûr" qu'Emmanuel Macron saura estimer quelles propositions doivent être retenues : "Je sens une telle mobilisation, un tel enjeu autour de cette question que je suis pratiquement sûr qu’il ne pourra pas rester muet. [...] Il est temps de réagir et d’organiser les choses de telle sorte que le peuple martiniquais et le peuple guadeloupéen se sentent respectés."
  

Indemnisation : comment et pour qui ?

Justine Bénin, rapporteure de la commission et député de Guadeloupe, a également estimé que la mise en place de cette commission permettait "d'aller au fond de l'histoire et des responsabilités". Aujourd'hui, "la responsabilité de l'État est averée", a-t-elle expliqué. "Dès 1972, l'État connaissait la toxicité, la dangerosité et le caractére cancérogène du chlordécone".

Pour aller "sur le chemin de la réparation", Justine Bénin considère que certaines mesures doivent être adoptées en priorité parmi les 49 propositions du rapport : dépistages gratuits, fonds d'indemnisation pour les préjudices économiques, primes pour les agriculteurs, les éleveurs et les marins-pêcheurs qui veulent tendre vers le "zéro chlordécone", création de la loi d'orientation-programmation "pour un quatrième Plan chlordécone audacieux et ambitieux".
   

Le travail du Parlement, c’était d’évaluer les impacts sanitaire, économique et environnemental puis la mise en place de recommandations et de préconisations. Nous avons demandé ce fonds d’indemnisation des victimes et ce fonds d’indemnisation des préjudices économiques, et nous avons mis en recommandation un droit de suite du Parlement pour un contrôle et un suivi effectif de comment ça se fait et comment repérer les victimes liées au chlordécone. 
Justine Bénin


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