Tracfin renforce sa vigilance sur les phénomènes de blanchiment Outre-mer

La France veut montrer son efficacité en matière de lutte contre le blanchiment et de financement du terrorisme. La cellule de renseignement de Bercy, l’agence Tracfin, a présenté son dernier rapport. Celui-ci pointe une "attention particulière aux départements d’Outre-mer".


 
Dans les locaux de l’agence Tracfin (traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins), les enquêteurs et les fonctionnaires fiscalistes s’organisent en vue de la prochaine évaluation de la politique de la France en matière de blanchiment d'argent sale. Cet examen aura lieu en 2020 et sera effectué par le groupe d’action financière chargé de la lutte contre ce fléau économique.

D’après la nouvelle directrice de Tracfin, Maryvonne le Brignonen : "les territoires d’Outre-mer sont sujets à des tentatives de blanchiment. En 2011, le Gafi, le groupe d'action financière chargé de la lutte contre le blanchiment avait identifié en Outre-mer ce type de phénomène" explique la nouvelle directrice de Tracfin avant d'ajouter que : "dans les Outre-mer, on manipule plus d'espèces que dans l'Hexagone. Or, cela facilite les blanchiments. Il y a aussi des trafics de stupéfiants, particulièrement en Guyane".
 

Des déclarations de soupçons en hausse

Cette année encore, les enquêteurs de ce service du ministère de l’Action et des Comptes publics ont constaté des cas de projets fictifs ou non-éligibles au dispositif de défiscalisation Girardin, des cas de projets qui sont proposés par des intermédiaires exerçant illégalement la profession de banquiers, mais aussi des cas de blanchiment d'activités illicites sous couvert d'investissements locatifs dans ces dispositifs.

Le rapport de Tracfin, rendu public ce mardi 10 décembre, propose un chapitre spécifique sur les DROM-COM. "Nous faisons ces analyses dans un objectif de sensibilisation pour que les partenaires économiques locaux exercent une vigilance particulière sur des phénomènes de blanchiment que l'on rencontre davantage Outre-mer", renchérit la directrice de Tracfin.
 

Un combat de longue haleine

C’est grâce aux acteurs économiques présents sur le terrain, comme les banquiers, les avocats, les notaires, les experts comptables, que plus de 1 700 déclarations de soupçons sont remontées jusqu’aux oreilles de Tracfin, en 2018. Chaque fois qu’une activité suspecte, qu’une tentative de blanchiment ou même de financement du terrorisme est constatée, une note est envoyée à destination des services de renseignement et des services judiciaires.

Si l'efficacité de ces dispositifs d’alerte s'améliore chaque année, les agents de Tracfin ont en tête que les nouveaux modes de blanchiment inventés par les fraudeurs sont aussi évolutifs. "Nous devons sans cesse nous y adapter", finit par expliquer Maryvonne Le Brignonen.