Journaliste française du Metal Bulletin à Londres, Perrine Faye ausculte depuis seize ans le large spectre des matières premières. En contact quotidien avec les analystes et les traders du marché du nickel, nous lui avons demandé si le référendum calédonien intéressait la City.
Si les correspondants du Metal Bulletin sont répartis aux quatre coins du monde, là ou il y a des mines et des usines, la rédaction numérique du journal se trouve à deux pas de la Banque d’Angleterre, dans un immeuble dont les bureaux dominent les fameux bus rouges de la capitale britannique.
À la City de Londres, dans les milieux discrets de la finance des matières premières, on reconnaît l’expertise de celle que l’on surnomme "the Princess of nickel". Perrine Faye est l’une des seules journalistes (directrice de publication chargée des métaux) à parler directement aux grands managers des multinationales minières. La journaliste française connaît bien la Nouvelle-Calédonie et son industrie du nickel, à la différence des autres journalistes britanniques. Ce qui n’est pas sans intérêt pour le Territoire. Le référendum vu de Londres, Perrine Faye répond à nos questions.
Quelle place occupe la Nouvelle-Calédonie dans l'actualité du Metal Bulletin, si on la compare à d’autres pays producteurs de nickel ?
Perrine Faye : La vérité c’est que le Metal Bulletin (Fastmarket) ne se focalise pas trop sur la Nouvelle-Calédonie. Depuis le début de l’année, nous avons mentionné le pays dans une vingtaine d’articles, à peu près la même fréquence que Madagascar. Par comparaison, nous avons parlé de l’Indonésie presque 300 fois et de Cuba seulement 5 fois, toujours pour l’actualité du nickel.
La Nouvelle-Calédonie, a-t-elle gagné en importance, en intérêt depuis l’arrivée de deux géants des matières premières que sont Glencore et Vale ?
Assurément, parce que les rapports financiers et opérationnels de ces deux sociétés sont très suivis par le marché.
Vu depuis la City de Londres, de votre environnement professionnel et journalistique, quelle est l’importance de la Nouvelle-Calédonie pour le marché des matières premières et du nickel ?
Quitte à me répéter, la Nouvelle-Calédonie est traitée un peu comme Madagascar. Pas une énorme importance mondiale, mais importante quand même pour le marché du nickel. Et surtout, le marché sait que le nickel est crucial pour la Nouvelle-Calédonie, un peu comme le cuivre est vital pour le Chili.
Le référendum sur l’indépendance du 4 novembre, en a t-on entendu parler à la City de Londres, dans les milieux économiques ?
Je viens de faire un petit sondage dans notre rédaction à Londres et seuls trois journalistes sur vingt ont entendu parler du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Même le journaliste qui couvre le marché n’en avait pas entendu parler lors des conversations avec les courtiers du nickel. En revanche, tout le monde parle du Brexit et des tensions politiques avec la Russie, de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, des nouvelles taxes à l’importation et de leurs impacts sur les flux maritimes, de la croissance des véhicules électriques…
Le référendum en Nouvelle-Calédonie, est-il une interrogation, un risque parmi d’autres pour le marché du nickel ?
De manière générale, le marché du nickel n’est pas inquiet au sujet du référendum. D’une part, parce que les derniers sondages vont plutôt vers un statu quo et le maintien de l'archipel au sein de la République française. D’autre part, parce que le marché ne s’attend pas à un retour aux troubles des années 1980. Tant que la situation politique reste relativement calme et que le régime fiscal reste attractif, les producteurs de nickel internationaux (Glencore, Vale, Eramet) continueront à investir en Nouvelle-Calédonie. Une bonne illustration de cet engagement est l’annonce récente par Vale, du soutien du groupe brésilien aux opérations de nickel en Nouvelle-Calédonie. Vale examine toutes ses options, y compris une relance des activités minières à VNC, pour optimiser les revenus générés par l’usine de Goro et exploiter le potentiel du cobalt face à la croissance du marché des batteries pour voitures électriques. Une décision est attendue d’ici la fin de l’année. Aucune mention du référendum dans le rapport trimestriel de Vale. Vale est le seul producteur calédonien qui produit du nickel raffiné et des produits chimiques comme l’oxyde de nickel, qui conviennent bien aux producteurs de batteries électriques. En revanche, Eramet et Glencore produisent du ferronickel qui sert davantage au secteur de l’acier inoxydable.
Les cours du nickel, seront-ils sensibles au résultat du référendum calédonien ?
À court terme, nous n’attendons aucune réaction des cours du nickel au résultat du référendum calédonien, sauf s’il y a une grosse surprise, si le oui à l’indépendance l’emporte ou s’il se produisait de gros incidents qui bloqueraient les mines et les usines pendant un certain temps. Sur le long terme, nous ne voyons pas d’impact non plus sauf si l’archipel devenu indépendant décidait de nationaliser les actifs miniers ou de changer d’attitude envers l’industrie minière et l’investissement étranger comme ce fut le cas aux Philippines. C’est ce qu’il faudrait pour que le marché du nickel s’intéresse de près à la Nouvelle-Calédonie. Mais je n’ai pas eu vent d’informations suggérant un tel développement. Ce qui est certain, c’est que comme le marché ne regarde pas de près ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, s’il arrive quelque chose d’inattendu, les cours du nickel à Londres pourraient grimper bien au-delà du niveau actuel de 12.600 dollars la tonne.
À la City de Londres, dans les milieux discrets de la finance des matières premières, on reconnaît l’expertise de celle que l’on surnomme "the Princess of nickel". Perrine Faye est l’une des seules journalistes (directrice de publication chargée des métaux) à parler directement aux grands managers des multinationales minières. La journaliste française connaît bien la Nouvelle-Calédonie et son industrie du nickel, à la différence des autres journalistes britanniques. Ce qui n’est pas sans intérêt pour le Territoire. Le référendum vu de Londres, Perrine Faye répond à nos questions.
Quelle place occupe la Nouvelle-Calédonie dans l'actualité du Metal Bulletin, si on la compare à d’autres pays producteurs de nickel ?
Perrine Faye : La vérité c’est que le Metal Bulletin (Fastmarket) ne se focalise pas trop sur la Nouvelle-Calédonie. Depuis le début de l’année, nous avons mentionné le pays dans une vingtaine d’articles, à peu près la même fréquence que Madagascar. Par comparaison, nous avons parlé de l’Indonésie presque 300 fois et de Cuba seulement 5 fois, toujours pour l’actualité du nickel.
La Nouvelle-Calédonie, a-t-elle gagné en importance, en intérêt depuis l’arrivée de deux géants des matières premières que sont Glencore et Vale ?
Assurément, parce que les rapports financiers et opérationnels de ces deux sociétés sont très suivis par le marché.
Vu depuis la City de Londres, de votre environnement professionnel et journalistique, quelle est l’importance de la Nouvelle-Calédonie pour le marché des matières premières et du nickel ?
Quitte à me répéter, la Nouvelle-Calédonie est traitée un peu comme Madagascar. Pas une énorme importance mondiale, mais importante quand même pour le marché du nickel. Et surtout, le marché sait que le nickel est crucial pour la Nouvelle-Calédonie, un peu comme le cuivre est vital pour le Chili.
Le référendum sur l’indépendance du 4 novembre, en a t-on entendu parler à la City de Londres, dans les milieux économiques ?
Je viens de faire un petit sondage dans notre rédaction à Londres et seuls trois journalistes sur vingt ont entendu parler du référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Même le journaliste qui couvre le marché n’en avait pas entendu parler lors des conversations avec les courtiers du nickel. En revanche, tout le monde parle du Brexit et des tensions politiques avec la Russie, de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, des nouvelles taxes à l’importation et de leurs impacts sur les flux maritimes, de la croissance des véhicules électriques…
Le référendum en Nouvelle-Calédonie, est-il une interrogation, un risque parmi d’autres pour le marché du nickel ?
De manière générale, le marché du nickel n’est pas inquiet au sujet du référendum. D’une part, parce que les derniers sondages vont plutôt vers un statu quo et le maintien de l'archipel au sein de la République française. D’autre part, parce que le marché ne s’attend pas à un retour aux troubles des années 1980. Tant que la situation politique reste relativement calme et que le régime fiscal reste attractif, les producteurs de nickel internationaux (Glencore, Vale, Eramet) continueront à investir en Nouvelle-Calédonie. Une bonne illustration de cet engagement est l’annonce récente par Vale, du soutien du groupe brésilien aux opérations de nickel en Nouvelle-Calédonie. Vale examine toutes ses options, y compris une relance des activités minières à VNC, pour optimiser les revenus générés par l’usine de Goro et exploiter le potentiel du cobalt face à la croissance du marché des batteries pour voitures électriques. Une décision est attendue d’ici la fin de l’année. Aucune mention du référendum dans le rapport trimestriel de Vale. Vale est le seul producteur calédonien qui produit du nickel raffiné et des produits chimiques comme l’oxyde de nickel, qui conviennent bien aux producteurs de batteries électriques. En revanche, Eramet et Glencore produisent du ferronickel qui sert davantage au secteur de l’acier inoxydable.
Les cours du nickel, seront-ils sensibles au résultat du référendum calédonien ?
À court terme, nous n’attendons aucune réaction des cours du nickel au résultat du référendum calédonien, sauf s’il y a une grosse surprise, si le oui à l’indépendance l’emporte ou s’il se produisait de gros incidents qui bloqueraient les mines et les usines pendant un certain temps. Sur le long terme, nous ne voyons pas d’impact non plus sauf si l’archipel devenu indépendant décidait de nationaliser les actifs miniers ou de changer d’attitude envers l’industrie minière et l’investissement étranger comme ce fut le cas aux Philippines. C’est ce qu’il faudrait pour que le marché du nickel s’intéresse de près à la Nouvelle-Calédonie. Mais je n’ai pas eu vent d’informations suggérant un tel développement. Ce qui est certain, c’est que comme le marché ne regarde pas de près ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie, s’il arrive quelque chose d’inattendu, les cours du nickel à Londres pourraient grimper bien au-delà du niveau actuel de 12.600 dollars la tonne.