Davy Rimane, député de Guyane, et Christian Jean-Baptiste, député de Guadeloupe, ont interpellé le ministre du Travail lors de la séance de questions au gouvernement du mardi 24 janvier au sujet de la réforme d'allongement de l'âge de départ à la retraite. Les élus ultramarins s'inquiètent que le texte soit peu adapté aux réalités de leurs territoires, où une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où les carrières sont souvent "hachées, bien souvent sous-rémunérées" et ne permettent pas "le moment venu [de partir] à la retraite avec une pension décente et complète".
9 à 15% des retraités des départements et régions dits d’Outre-mer sont considérés comme étant en situation de grande pauvreté, contre 1% en moyenne en France hexagonale. Un retraité qui réside dans un territoire dit d’Outre-mer touche en moyenne une pension inférieure de 10 à 17% à ce que perçoit un senior qui vit en France hexagonal.
Christian Jean-Baptiste, député de Guadeloupe.
Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a reconnu que certains sujets étaient encore "en chantier", notamment la question des retraites complémentaires des travailleurs agricoles en Guadeloupe et à La Réunion ou celle de "la convergence" à Mayotte. "À Mayotte, le régime obligatoire de retraite ne date que de 1987, et nous savons que les retraités actuels ont en général une carrière composée malheureusement de seulement 9 années cotisées. Cela se traduit par des retraites extrêmement basses", a précisé le ministre.
Une réforme "moins mordante" Outre-mer
Selon Olivier Dussopt, la réforme aura néanmoins "un caractère moins mordant" Outre-mer, notamment parce que l'âge de départ à la retraite dans les territoires ultramarins est déjà plus avancé en moyenne que dans l'Hexagone. "Lorsqu’on regarde l’âge effectif de départ, non pas l’âge légal d’ouverture des droits, mais l’âge effectif, nous constatons qu’en Guyane, en Martinique, en Guadeloupe, nous sommes déjà entre 64 ans et demi et 65 ans", détaille le ministre.
"Il y a des territoires dans la République où l’application de cette réforme est peut-être, je dis bien peut-être, une modification moins importante de la vie quotidienne, insiste le ministre, qui nuance cependant. Je ne dis pas que c’est une bonne nouvelle, parce que c’est le témoignage parfois de carrière hachée."
"Il y a une autre caractéristique de la réforme qui va bénéficier aux assurés d’Outre-mer, assure le ministre. C’est le fait que nous remontions le niveau de la pension minimale à 85% du smic." La revalorisation de la pension minimale est conditionnée à une carrière complète, elle exclut donc de nombreux retraités ultramarins. Mais le minimum contributif, un dispositif qui permet de majorer la pension de retraite de base des assurés qui perçoivent une très petite retraite, sera lui aussi augmenté. "Le minimum contributif majoré est accessible dès qu’un assuré a cotisé à hauteur de 30 années, soit 120 trimestres dans sa carrière, indique le ministre. Beaucoup des retraités actuels en Outre-mer pourront ainsi en bénéficier".