Le remaniement ministériel était au cœur des débats depuis plusieurs semaines. Jeudi 20 juillet, sous les coups 19h30, l’Élysée a enfin mis fin à l’attente et dévoilé le nouveau gouvernement. Si Gerald Darmanin reste l’homme fort des Outre-mer, son nouveau bras droit, Philippe Vigier, ne fait pas l’unanimité dans les rangs des députés Ultramarins.
À l’Assemblée nationale, les quelques parlementaires ultramarins que nous avons croisés étaient plutôt inquiets, à l’instar de Jean-Hugues Ratenon. "Ce n’est pas bon signe, je suis inquiet… Celui qui a été nommé pour remplacer monsieur (Jean-François) Carenco ne connaît pas les Outre-mer. À aucun moment il ne s’est prononcé sur les dossiers des Outre-mer, si ce n’est contre la réintégration des soignants dans nos territoires. Puis, il a voté à plusieurs reprises contre les amendements présentés par les députés d’Outre-mer. À mon sens, c'est quelqu’un qui n’aime pas l’Outre-mer", déclare le député réunionnais.
Même son de cloche du côté du député guadeloupéen Christian Baptiste. "Nous ne comprenons pas cette nomination, et nous nous interrogeons sur les compétences et les connaissances de ce ministre sur les territoires d’Outre-mer. Par contre, nous sommes très choqués, car c’est un collègue qui méprise les territoires d’Outre-mer, cette nomination ne nous satisfait pas du tout", dit-il.
"Est-ce que Macron aime les Outre-mer?"
La nomination de l’ancien député d'Eure-et-Loir et ancien membre de la délégation aux Outre-mer à l'Assemblée nationale à la place de Jean-François Carenco pose aussi des questions sur la politique du gouvernement à destination des territoires d’Outre-mer. Le député réunionnais Jean-Hugues Ratenon s’interroge sur le timing d’un tel remaniement. "Virer monsieur Carenco 48 h après le CIOM, il y a un problème. Faire un remaniement, ça veut dire que beaucoup de ministres qui ont pris la parole durant le CIOM vont disparaître, y compris le ministre délégué aux Outre-mer. En même temps, est-ce que Macron aime les Outre-mer ? Je ne pense pas, puisque nos problèmes persistent et les solutions tardent à arriver", estime-t-il.
L'ancien maire de Sainte-Anne en Guadeloupe et actuel député, Christian Baptiste, insiste : "Pour nous, très franchement, c’est un manque de respect envers les territoires d’Outre-mer." De son côté, Mereana Reid Arbelot, députée de la Polynésie française, que nous avons croisée dans les couloirs de l'Assemblée nationale, n'a quant à elle pas voulu s'exprimer "sur quelqu'un que je ne connais pas".
Nommé en lieu et place de Jean-François Carenco, qui selon Perceval Gaillard, député de la Réunion, "avait au moins la particularité de connaître les Outre-mer", le nouveau ministre délégué pourra mesurer sa côte de sympathie dès ce week-end lors de la visite du président de la République dans le Pacifique. De leur côté, les députés ultramarins ont prévu de se rencontrer et de discuter de cette nomination, ce vendredi 21 juillet.