Le 23 novembre 2018, Emmanuel Macron décidait de la restitution de 26 œuvres au Bénin "sans tarder". Début juillet 2019, lors d'un forum sur les patrimoines africains à Paris, le ministre de la Culture, Franck Riester, a annoncé leur retour "rapide" en Afrique. Le dossier avance doucement mais sûrement. Ces 26 objets sont des prises de guerre du général Dodds dans le palais de Béhanzin en 1892. Ce roi est connu en Martinique où il a vécu 12 années en exil.
►Quand les 26 œuvres ont-elles été prises ?
C’est pendant la campagne du Dahomey (actuel Bénin) que le militaire français Alfred Dodds s’empare de plusieurs œuvres d’art du palais royal d’Abomey. La ville tombe aux mains des Français en novembre 1892 ainsi que les 26 objets dont Emmanuel Macron a demandé la restitution le 23 novembre 2018.
Exil en Martinique
Le roi Béhanzin est déchu et envoyé en exil en Martinique de 1894 à 1906. Dans un essai, le journaliste Patrice Louis, auteur d’un essai sur Béhanzin, retrace le parcours de ce roi du Dahomey à la Martinique (Editions Arléa).
"Descendant d’une lignée séculaire, Béhanzin a régné en despote sur le Dahomey, gagné des batailles face au colonisateur français, avant de s’incliner. Il s’est alors retrouvé en exil de l’autre côté de l’Atlantique, là où les Africains que ses parents avaient vendus furent envoyés en esclavage".
Le siège royal
De son côté, le général Dodds, de retour en France rapporte les trésors du palais d’Abomey. Il offre au ministre de la marine le trône de Béhanzin, dernier roi libre du royaume du Dahomey.
Statues anthropomorphes
Il revient aussi avec trois statues anthropomorphes sculptées par Sossa Dede représentant les derniers rois du Dahomey, Ghézo, Gléglé et Béhanzin en animaux.
Le roi requin
Béhanzin est représenté en roi requin. Le roi requin, c’est ainsi que Béhanzin est aussi appelé au Bénin aujourd’hui en hommage à sa lutte contre le colonisateur français. Regardez ci-dessous le reportage de Nathalie Sarfati de France Ô/Outre-mer la1ère :
La porte du palais royal
Autre œuvre d’art rapportée par le général Dodds en France : la porte du roi Gléglé, elle aussi sculptée de façon magistrale par Sossa Dede, artisan talentueux
Liste de 26 objets
Des sceptres et des totems font également partie de ces trésors du royaume de Dahomey. Pour connaître la liste des 26 objets dont Emmanuel Macron a demandé la restitution, consultez ci-dessous ce document envoyé à La1ère par le musée du Quai Branly.►Quand la restitution a-t-elle été décidée ?
Emmanuel Macron a pris la décision de cette restitution après avoir reçu un rapport en date du 23 novembre 2018 qu’il avait lui-même commandé à deux experts Bénédicte Savoy du collège de France et Felwine Sarr de l’université de Saint-Louis au Sénégal. Ces 26 objets se trouvent tous au musée du quai Branly. Certains -les plus connus- sont exposés, d’autres se trouvent dans les réserves.
Changement législatif
Le président de la république française a ainsi solennellement déclaré : "Ces œuvres pourront être présentées au public béninois dans le cadre du projet de musée ambitieux porté par la République du Bénin. Je remercie le Musée du quai Branly-Jacques Chirac de soutenir cette restitution. Les mesures opérationnelles, et le cas échéant législatives, seront prises pour que ces œuvres puissent retourner au Bénin, accompagnées du savoir-faire du musée qui les a conservées jusqu’à présent"
Des milliers d'oeuvres concernées
Bénédicte Savoy du collège de France et Felwine Sarr de l’université de Saint-Louis au Sénégal, les deux auteurs du rapport controversé, ont recensé des dizaines de milliers d'œuvres potentiellement concernées. "On ne peut pas jouir de ces musées en ignorant complètement cette face cachée qui est cette appropriation souvent violente", a ainsi déclaré Bénédicte Savoy.
Critiques
L’académie des Beaux-arts ainsi que le président du musée du Quai Branly reprochent à ce rapport de préconiser une restitution massive d’objets d’art africain des collections publiques à l’Afrique. Stéphane Martin, président du musée du Quai Branly rappelle que "Le Getty a rendu des objets à l'Italie, le British Museum à l'Australie, le Musée Guimet à la Chine". Mais il estime que "ça ne peut être la voie unique. Sinon on va vider les musées européens et on entre dans une logique où le patrimoine devient l'otage de la mémoire"Sans elles, les musées français ne seraient pas les mêmes. Ces œuvres d'art venues d'Afrique ont été volées et pillées il y a plusieurs années. Aujourd'hui, plusieurs État africains réclament leur restitution. pic.twitter.com/fa2zZO7L7b
— Brut FR (@brutofficiel) December 9, 2018