Née à La Réunion, Sophie Charbonnier a planté ses racines en Gironde. A 70 km de Bordeaux, elle produit un vin bio et solidaire. Petit à petit, "Rouge Métisse" se fait une place dans un secteur très masculin et conventionnel.
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Tout commence avec un hectare. Une parcelle dont Thierry Charbonnier hérite il y a une vingtaine d’années. Alors mécanicien, ce fils d’agriculteurs décide de se reconvertir. Son épouse, Sophie, lui donne un coup de main le week-end. Quelques années plus tard, elle quitte un poste dans le tourisme pour s’investir à plein temps dans le domaine. De parcelle en parcelle, le vignoble s’étend jusqu’à couvrir aujourd’hui 25 hectares.
Si la transition semblait naturelle pour la Réunionnaise, le chemin a été un peu plus long pour son mari : "ça chamboule tout" explique celui qui n’avait connu que des cultures conventionnelles. "On a eu une baisse de rendement pendant trois ans, pendant la conversion, mais c’est reparti ! On est contents, on est fiers !" Le domaine des Charbonnier est labellisé en 2014.
"Moi ou mon mari, on fait le même boulot", affirme Sophie, longtemps frustrée que sa parole ne soit pas prise en compte. "Je n’ai pas une particularité de plus ou de moins que lui. Sauf que je comprends bien que quand je propose des choses, c’est plus compliqué à entendre dans le milieu viticole bordelais. La ruralité, c’est compliqué. Maintenant, ça va mieux, j’ai fait un peu mes preuves…"
Il a d’abord fallu convaincre la cave où leur raisin est vinifié et leur vin commercialisé, le vignoble bordelais est constitué à 60% de coopération. Après quelques années d’âpres discussions, leur coopérative de Monségur décide de consacrer deux cuves au bio. Aujourd’hui, sur les 130 adhérents, deux ont l’agrément pour produire du raisin issu de l’agriculture biologique. Trois ou quatre autres pourraient se convertir dans les prochains mois. "C’est une démarche nouvelle impulsée par le GAEC Vigneraie – Charbonnier", explique Eric Saurin, le directeur de la cave. "Avec Sophie qui est très avant-gardiste sur ces productions-là et, on l’espère, qui va inciter à rentrer plus dans cette démarche."
Pour financer la mise ne bouteille, la Réunionnaise a lancé une campagne de préventes. Elle travaille à mettre en place un réseau d’ambassadrices avec pour mission de parler de Rouge Métisse autour d’elles. Elles sont aujourd’hui une soixantaine de cosomm’actrices plus ou moins actives.
Ce système, qui mise sur la solidarité et les circuits courts, elle compte bien le développer : "Mes premières cuvées, je les ai faites avec les consomm’acteurs et surtout les consomm’actrices", explique la vigneronne. "Je squizze la case banque, je fais ça directement avec les consomm-acteurs. Et là maintenant, j’ai suffisamment de bouteilles pour pouvoir en proposer à des professionnels."
Même sa maman, qui rentre à Saint-Joseph chaque année, n’y croyait pas : "C’est un sacré boulot", reconnait Sylvette Lauret, admirative du travail de sa fille. "Le matin, quand je venais chez elle, malgré le verglas, la pluie, elle s’habillait et elle partait dans les champs toute la journée. Bon courage pour faire un boulot comme ça ! Moi, je ne l’aurais pas fait."
Ce vin, la Réunionnaise a souhaité qu’il s’accorde "aux cuisines du monde" et en particulier à la cuisine créole de son île natale. Après le rouge et le blanc, deux nouveaux défis attendent Sophie : un vin rosé et la commercialisation de ses bouteilles dans son île : "Je voudrais vraiment proposer mon vin bio à l’île de La Réunion et j’espère que les Réunionnais me feront confiance pour déguster mon vin…"
Un vin bio contre vents et marées
Le domaine se situe dans l’Entre-deux-Mers, un territoire coincé entre la Garonne et la Dordogne. Mais Thierry et Sophie ont opté pour l’appellation Bordeaux, plus connue, plus vendeuse, selon eux. Sous l’impulsion de madame, le couple entame une conversion au bio au début des années 2010. "Ça correspond à mes valeurs, le respect de la terre", analyse la maman de deux garçons. "La terre ne nous appartient pas, il faut la restituer au suivant. On doit la respecter, on ne doit pas mettre de produit chimique."Si la transition semblait naturelle pour la Réunionnaise, le chemin a été un peu plus long pour son mari : "ça chamboule tout" explique celui qui n’avait connu que des cultures conventionnelles. "On a eu une baisse de rendement pendant trois ans, pendant la conversion, mais c’est reparti ! On est contents, on est fiers !" Le domaine des Charbonnier est labellisé en 2014.
Masculin et conventionnel
Lorsque l’idée de cultiver biologique germe, la native de Saint-Joseph à La Réunion se trouve confrontée à des collègues réticents. Le secteur est constitué en grande majorité d’hommes. Des vignerons "conventionnels" souvent engagés dans une démarche de polyculture et qui utilisent pesticides, herbicides et fongicides pour assurer la vigueur de leur vigne et de leurs autres productions."Moi ou mon mari, on fait le même boulot", affirme Sophie, longtemps frustrée que sa parole ne soit pas prise en compte. "Je n’ai pas une particularité de plus ou de moins que lui. Sauf que je comprends bien que quand je propose des choses, c’est plus compliqué à entendre dans le milieu viticole bordelais. La ruralité, c’est compliqué. Maintenant, ça va mieux, j’ai fait un peu mes preuves…"
Il a d’abord fallu convaincre la cave où leur raisin est vinifié et leur vin commercialisé, le vignoble bordelais est constitué à 60% de coopération. Après quelques années d’âpres discussions, leur coopérative de Monségur décide de consacrer deux cuves au bio. Aujourd’hui, sur les 130 adhérents, deux ont l’agrément pour produire du raisin issu de l’agriculture biologique. Trois ou quatre autres pourraient se convertir dans les prochains mois. "C’est une démarche nouvelle impulsée par le GAEC Vigneraie – Charbonnier", explique Eric Saurin, le directeur de la cave. "Avec Sophie qui est très avant-gardiste sur ces productions-là et, on l’espère, qui va inciter à rentrer plus dans cette démarche."
On a enfin des vins bios qui sont dignes de grands vins. C’est remarquable et il faut que ça serve d’exemple au plus grand nombre.
- Eric Saurin, directeur de la cave
Des « consomm’acteurs » solidaires
Alors que la cave vend principalement du vin en vrac, Sophie a décidé de lancer sa marque et de vendre des bouteilles. Avec Rouge Métisse, elle espère faire connaître son vin. Le premier millésime date de 2016 : un vin rouge rond et fruité, avec des notes boisées. Et depuis cette année, elle propose également un sauvignon blanc avec des notes florales plus persistantes.Pour financer la mise ne bouteille, la Réunionnaise a lancé une campagne de préventes. Elle travaille à mettre en place un réseau d’ambassadrices avec pour mission de parler de Rouge Métisse autour d’elles. Elles sont aujourd’hui une soixantaine de cosomm’actrices plus ou moins actives.
Ce système, qui mise sur la solidarité et les circuits courts, elle compte bien le développer : "Mes premières cuvées, je les ai faites avec les consomm’acteurs et surtout les consomm’actrices", explique la vigneronne. "Je squizze la case banque, je fais ça directement avec les consomm-acteurs. Et là maintenant, j’ai suffisamment de bouteilles pour pouvoir en proposer à des professionnels."
Des notes réunionnaises
Personne, pas même Sophie, n’avait envisagé que la petite Saint-Josephoise allait un jour faire de la vigne son métier. "Je n’aimais absolument pas ça, avoue-t-elle presque gênée. C’était la corvée pour venir. Mais à partir du moment où j’ai décidé que ça allait être mon métier, je me suis impliquée."Même sa maman, qui rentre à Saint-Joseph chaque année, n’y croyait pas : "C’est un sacré boulot", reconnait Sylvette Lauret, admirative du travail de sa fille. "Le matin, quand je venais chez elle, malgré le verglas, la pluie, elle s’habillait et elle partait dans les champs toute la journée. Bon courage pour faire un boulot comme ça ! Moi, je ne l’aurais pas fait."
Je me sens en double culture. Je vis ici, j’adore ma vie ici, mais mon cœur est à La Réunion
- Sophie Charbonnier, vigneronne
Ce vin, la Réunionnaise a souhaité qu’il s’accorde "aux cuisines du monde" et en particulier à la cuisine créole de son île natale. Après le rouge et le blanc, deux nouveaux défis attendent Sophie : un vin rosé et la commercialisation de ses bouteilles dans son île : "Je voudrais vraiment proposer mon vin bio à l’île de La Réunion et j’espère que les Réunionnais me feront confiance pour déguster mon vin…"