Rugby 6 nations U20 Italie France Brent Liufau le Wallisien, « Je veux écrire mon histoire avec Pau et l’équipe de France »

Sous le maillo bleu à Capbreton lors des entraînements avec les A
A bientôt 19 ans (il les aura le 21 mars juste après le tournoi) le jeune Calédonien d’origine Wallisienne va connaître son premier tournoi des 6 nations ce soir face à l’Italie. La première marche d’une formation entamée au pôle espoir de Nouvelle Calédonie. Il est arrivé il y a 3 ans avec 5 autres calédoniens, et depuis a intégré la section Paloise. Une ascension régulière qui devrait lui permettre bientôt de signer sans doute son premier contrat pro car il se plaît dans les Pyrénées. Face à l’Italie il s’attend à un vrai défi physique, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Il répond à nos questions avant son départ pour Rome.

La 1ère : Brent d’abord ça te fait quoi de démarrer en titulaire ce tournoi des 6 nations ?

Brent Liufau, 2ème ligne équipe de France U20 : C’est mon premier vrai tournoi. L’an dernier j’avais fait le festival des 18 ans à Marcoussis où on avait terminé invaincus, mais là c’est toujours une grande fierté de participer à un grand tournoi comme celui-là, de faire les déplacements dans les pays du rugby comme l’Irlande ou l’Angleterre. Je suis prêt physiquement et mentalement aussi, j’ai préparé cela depuis l’an dernier et j’ai travaillé dessus pour être là.

 

La 1ère : A Pau tout se passe bien pour toi, tu penses que tu as évolué dans ton rugby en choisissant ce club ?

 Oui bien sûr puisque je m’entraîne avec les pros à haut biveau et je me rends compte ce qu’est le haut niveau.  On a plus de préparation, physique, mentale on travaille aussi sur l’émotion car il faut savoir gérer la pression extérieure. Il faut être préparé à jouer comme les autres. En plus j’ai perdu 6 kilos, et je me suis beaucoup musclé et gainé, ce qu’on recherche dans le rugby moderne. J’ai travaillé, je suis prêt.

 

La 1ère : Tu es toujours soutenu par la Nouvelle Calédonie, même à distance avec le pays, tu le situes à quel niveau ?

Cet été je suis retourné trois semaines au pays et j’ai bien profité. Me parents sont toujours là. C’est de la fierté de savoir que mon nom est partout, dans les journaux, à la télé, ça fait plaisir de représenter sa famille ses proches et surtout ses parents.
Mon papa regarde chaque match que je fais, il prend vingt minutes pour m’en parler, il me dit ce qu’il n’a pas aimé, ce qu’il a aimé et mes parents m’encouragent pour aller encore plus loin.

 

Brent Liufau sous le maillot vert de la Section Paloise

 

La 1ère : A Pau tu es souvent avec Luc Véa (de l'URC Dumbéa), c’est un plus pour vous d’être ensemble, ça t'apporte quoi ?  

On est arrivé ensemble en métropole, il a deux ans de plus que moi, mais on est tout le temps ensemble, on se ballade, on va au marché le dimanche sur le boulevard des Pyrénées à Pau. On passe des bons moments et ça nous aide. Avec les militaires du pays qui sont aussi à Pau il y a d’autres Wallisiens et on peut se retrouver entre « couz ». Ça fait du bien d’être entouré des gens du pays et partager nos habitudes.

J'ai appris à m’adapter à la vie d’ici. Mais ma proximité avec Luc Véa ça apporte un plus c’est clair. On est ensemble et on partage plein de choses. En plus il fait froid ici, on est au pied de la montagne, mais je n’ai pas le choix pour la température, c'est ma carrière qui prime.  

Brent Liufau, 2ème ligne équipe de France U20

Ec

La 1ère : Comment vois tu la suite de ta carrière ?

C’est beaucoup trop tôt, je suis encore stagiaire, en espoir, je ne m’occupe pas de ce qui se dit ailleurs sur moi. Mon ambition c’est de rester à Pau, car je m’entraîne avec le groupe pro. On verra à 22 ans ce que je ferai (Ndlr l’âge requis pour signer un premier contrat professionnel dans le rugby) mais je veux écrire mon histoire avec Pau.

Brent Liufau et Sipili Falatea lors des entraînements à Capbreton avec les A

 

La 1ère : Dans la grande équipe de France il y a Romain Taofifenua, Yoram Moefana, Peato Mauvaka, Sipili Falatea, les « couz » sont là, tu en penses quoi ?

C’est incroyable, on en trouve partout dans les équipes de France. Il y a aussi Valentin Simutoga et Maïno Pakihivatau avec moi dans le groupe France U20 ça veut dire qu’on a les moyens et les capacités d’y aller,, qu'on soit de Wallis, Futuna ou Nouméa. Mais ça passe par le travail. Ce que j’ai démarré à Nouméa au Crec (son club des débuts le Club de Rugby Educatif et Citoyen), puis au Pôle Espoir, je le poursuis ici.

 

La 1ère : L’Italie ça va vous donner quel genre d’opposition ?

On les avait battu l’an dernier à Marcoussis 40/32, on les a rencontré en amical il y a un mois en Italie et on les avait battu 31/15. Ils sont très forts physiquement, ils sont en place et ça va être à nous de mettre les armes pour les faire ployer. Après ce sera l’Irlande ce sera un gros challenge, car la génération de l’année passée avait perdu, on doit aller chercher quelque chose en Irlande. On a des ambitions dans ce tournoi des 6 nations.  

 

L’avis de son entraîneur à la section Paloise, Sébastien Piqueronies

«  On est très heureux pour lui au club, c’est dans la continuité de son parcours. Il est fléché comme un joueur à potentiel depuis son arrivée au club, il est accompagné. Dès son arrivée à 17 ans il avait déjà fait la préparation estivale avec les pros. Tous les trois  mois on franchit des caps avec Brent jusqu’à le faire jouer en Challenge Cup avec les pros récemment. C’est logique car c’est un garçon qui travaille beaucoup et qui est très déterminé.
Luc et lui sont des garçons qui sont arrivés bien formés et qui en sont plein développement mais à la base pas dans un univers quinziste. Ici on parfait donc la formation au poste pour des joueurs de devant qui sont liés à la conquête. Sur l’environnement du jeu au poste à XV il faut du temps pour tout apprendre.

Souvent ensemble sur et en dehors du terrain Luc Véa ( à gauche ) et Brent Liufau ( à droite )

 

La France est multiculturelle, riche et diverse. C’est la richesse de notre nation et de notre rugby d’avoir des garçons comme eux, c’est un vrai patrimoine, une vraie chance. Et nous on est fier de ce qu’on a fait avec Brent et Luc depuis leur arrivée.

Sébastien Piqueronies, entraîneur Section Paloise

Ec

Sur le long terme, l’ambition du club de Pau est de les amener à jouer en équipe première.
Ce tournoi U20 qui démarre pour Brent est l'occasion de se révéler au grand jour, de montrer que le travail fait là-bas dans les îles du Pacifique, paie désormais ici.
2 joueurs en équipe de France U20 ( Brent et Valentin Simutoga), 3 avec les A ( Yoram Moefana, Sipili Falatea et Romain Taofifenua) en attendant les filles avec Manaé et TeaniFeleu. C'est une belle année qui démarre pour ces joueurs et joueuses made in outre-mer.