Saint-Martin : Un mois après les violences, la population attend les décisions ministérielles

Marigot en 2018
Les dernières épaves incendiées, présentes au milieu de la route à Sandy Ground, dans l'île de Saint-Martin, aux Antilles, viennent juste d'être enlevées. Après les violences de décembre contre le plan post-ouragan Irma, la population attend désormais la décision du gouvernement.   
A la mi-décembre, une partie de la population a bloqué les principaux axes de l'île pendant plus d'une semaine, brûlant des voitures, des palettes et des pneus et affrontant parfois la police. Ils dénonçaient la révision du Plan de prévention des risques naturels, préparé par les services de l'Etat, après le passage de l'ouragan Irma il y a deux ans, qui a fait 11 morts et endommagé 95% des bâtiments. 
 

Manque de concertation ?

Mais le plan, qui prévoit de nouvelles zones rouges non constructibles, notamment en bord de mer, où se trouve une grande partie de la population, est rejeté par les habitants les acteurs économiques et les élus, qui ont critiqué un manque de concertation, et un plan "non conforme à la réalité sociale, économique et culturelle" de l'île.
 

Carcasses de voitures

Malgré une reprise de la circulation depuis fin décembre, la présence persistante des dernières carcasses de voitures sur la route, obligeant à des détours dangereux, restaient symboliques pour la population et le Collectif à l'initiative de la contestation, toujours déterminés à refuser le plan de l'Etat. 
 

Sept recommandations

L'arrivée, en janvier, d'une mission chargée d'engager des concertations avec la population et les élus, afin d'amender le PPR (plan de prévention des risques) a quelque peu apaisé la situation. Cette mission, présidée par Dominique Lacroix, ancien préfet délégué de Saint-Martin, a mené ses travaux pendant 10 jours, et fait sept recommandations de révision, qu'il doit présenter aux ministères des Outre-mer et de l'Environnement d'ici le 15 mars.
 

Sentiment d'injustice

Selon M. Lacroix, "ces nouvelles mesures règlent l'essentiel des problèmes et des inquiétudes de la population". Il a notamment proposé d'autoriser les reconstructions des biens sinistrés qui se trouvent "en zone rouge foncé", c'est-à-dire en majorité en bord de mer, tout en préconisant que l'habitant veille au maximum à réduire la vulnérabilité de son logement. "A Sandy Ground, à Grand Case, l'essentiel des constructions a résisté. Les destructions totales sont faibles. Il s'agit de réduire un sentiment d'injustice", a indiqué Dominique Lacroix.  
 

Délai de cinq ans

Il a proposé aussi de supprimer l'obligation de mise en conformité des maisons dans un délai de cinq ans, considérée comme impossible par une partie de la population, en majorité à faible revenu, et de supprimer l'obligation de fournir un titre de propriété pour obtenir une autorisation des services de l'urbanisme.

"On a vu qu'avec les préconisations, il y avait un effort qui était fait. C'est un premier pas", reconnait Cédric André, porte- parole du Collectif. "On attend la remise du rapport le 15 mars, mais on attend surtout les décisions des ministres parce qu'on ne sait pas s'ils suivront les recommandations", explique-t-il.
 

Conseil de quartier

Pour Jean David Richardson, représentant du conseil de quartier de Grand Case, "même si ces préconisations vont dans le bon sens, il existe encore une grande crainte sur la prise en compte effective de ces recommandations par les deux ministres. (...) On n'aurait jamais dû lever les barrages avant que ce soit signé", dit-il.

Le président de la collectivité Daniel Gibbs relève "qu'en seulement 10 jours, la mission Lacroix a déjà pu mettre en exergue des solutions que nous avions maintes fois évoquées et demandées aux services locaux de l'Etat de considérer, sans qu'ils n'acceptent la moindre ouverture". Mais il remarque que le plan, même amendé, "souffre à la base d'une absence d'étude d'impact environnemental, social et économique".