Entre 2016 et 2018, pas moins de 272 décès maternels, c'est-à-dire liés à la grossesse, à l’accouchement ou à ses suites, ont été déclarés en France. Des chiffres en nette augmentation comparé à la période 2007-2009 (254 décès) selon un rapport de Santé publique France. Le rapport met en exergue les raisons de ces décès et les facteurs qui influent sur l'augmentation du risque de mortalité maternelle. Notamment, l'âge de la mère, sa forme physique et mentale ou encore sa situation géographique.
"Pour la première fois, il y a une évolution favorable pour les DROM"
Le rapport de l’enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles (ENCMM), publié tous les deux ans par Santé publique France, en association avec l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) s'appuie sur les données récoltées entre 2016 et 2018. Durant cette période, l'étude fait état de 272 décès maternels sur l'ensemble du territoire français, soit une femme tous les quatre jours. 11,8 décès pour 100 000 naissances ont été enregistrés dans l'Hexagone, contre près de 20 décès dans les DROM (Guadeloupe, Guyane, La Réunion, Martinique, Mayotte).
Dans les territoires ultramarins, la mortalité, qu'elle intervienne après 42 jours ou un an après l'accouchement (les deux unités de mesures de l'étude) est deux fois supérieure à celle de l'Hexagone. Une valeur qui a été divisée par deux par rapport aux précédentes études.
Entre 2016 et 2018, les DROM ont un ratio de 19,6 décès un an après l'accouchement pour 100.000 naissances. À titre de comparaison, l'Île-de-France a un ratio de 12,2 décès pour 100.000 naissances, 7,7 décès pour la Normandie ou encore 14,7 décès pour les Hauts-de-France.
Selon Catherine Deneux Tharaux, directrice de recherche à l'Inserm et coordinatrice de l'étude, cette différence s'explique par de multiples facteurs. Le plus significatif est lié aux caractéristiques spécifiques des populations, notamment vis-à-vis du système de soin existant.
Il y a plus de grossesse chez les jeunes femmes dans les DROM. Dans ce groupe d’âge, la mortalité est plus importante, notamment vis-à-vis de situations sociales ou du contact avec le système de soin qui se fait moins bien.
Catherine Deneux Tharaux, directrice de recherche Inserm et coordinatrice de l'étude
Le rapport analyse également "l'inévitabilité des décès maternels", c'est-à-dire, "les aspects des soins ou de leur organisation, dont l’amélioration serait la plus à même de prévenir les morts maternelles". Et là encore, il y a du mieux. La directrice de recherche Inserm indique que "pour la première fois, DROM et Hexagone sont au même niveau d’inévitabilité".
Pour ses prochains rapports, dans deux et quatre ans, Catherine Deneux Tharaux entend mettre en place des études "qui ne portent pas sur les morts, mais sur les femmes qui ont des complications sévères, car ces évènements sont plus nombreux".