"Le carapatier produit des petites graines. Chaque graine va contenir des microgrammes d'huile de carapate." explique Lucien Louri en cueillant une grappe de fruits du carapatier.
Le carapatier c'est cet arbre sauvage qui pousse un peu partout le long des routes et dans nos campagnes. Originaires d'Afrique, ses fruits rouges ou blancs sont toxiques. Mais Lucien a appris de sa grand-mère comment tirer de ses graines une huile aux multiples vertus.
"[La fabrication commence] une fois que c'est bien sec. Avec la chaleur, les coques vont exploser et les petites graines vont sortir toutes seules." poursuit Lucien.
Les graines sont longuement chauffées avant d'être passées au moulin. Lucien reproduit alors la recette de ses aïeux avec des ingrédients surprenants : un morceau de morue séchée, de la cendre et une herbe appelée pied-de-poule. Les ingrédients seront mis à infuser sur le feu deux jours durant. Le produit fini presque introuvable sur nos marchés a de nombreux usages cosmétiques et médicinaux.
"Dans une cuillère à café, je mets un peu d'huile [de carapate] que je réchauffe avec un briquet. Puis je masse l'huile en circulaire sur mon ventre. Ça me soulage." partage une participante à l'atelier.
Nos grands-parents, c'est cette huile qu'ils utilisaient, sans produits chimiques dedans. Ça a un bienfait autant pour les cheveux que pour la peau.
Au fil de la cuisson, l'huile monte à la surface. Il faut une lente évaporation avant de filtrer enfin l'huile de carapate qui se vendra 120 euros le litre.
"Même depuis la métropole, beaucoup de personnes m'appellent pour avoir une quantité d'huile parce que depuis quelque temps, les cheveux crépus naturels reviennent à la mode. L'huile de carapate, ça fait beaucoup de bien." remarque Lucien Louri.
Lucien Louri, passeur de mémoire, se moque bien de faire de l'argent pourvu que demeure ce savoir ancestral.
Un reportage de Delphine Bez et Patrice Chateau Degat de Martinique la 1ère.