Les cheveux texturés doublent le risque de micro agression au travail.
Olivier Serva, député (groupe indépendant Liot)
C'est le cas d'Aboubakar Traoré qui a poussé le parlementaire Olivier Serva à proposer cette loi contre les discriminations capillaires.
En 2012, le jeune homme est en conflit avec son employeur à cause de ses dreadlocks. Ce steward d'Air France a dû porter une perruque pour travailler pendant quatre ans et demi.
Je pars avec une boule au ventre, une blessure à chaque fois que je la porte.
Aboubakar Traoré, stewart
En 2022, la justice a enfin donné raison au jeune homme et condamné Air France pour discrimination. La procédure juridique aura duré dix ans car, à cause d'un flou juridique, dans la loi sur la discrimination au travail, il n'y a aucune mention sur les cheveux.
Kenza a aussi souffert de discrimination à l'embauche. Elle voudrait qu'avec cette loi, les femmes et les hommes retrouvent leur intégrité physique et mentale.
Cette personne-là que vous discriminez, elle perd confiance en elle, elle perd complètement l'estime d'elle-même. Elle perd aussi son identité et en plus de ça, elle peut mettre sa santé en péril parce qu'elle va prendre des solutions de défrisants, de lissage, parce qu'on lui a dit : "ton cheveu, ça va pas. Il faut le changer"
Kenza Bel Kenadil, influenceuse, militante anti-discrimination capillaire
Au cours des dernières années, des voix se sont multipliées pour prôner le retour au naturel.
6 personnes sur 10 n'a pas les cheveux raides et pourtant on a encore des discriminations, des produits pas adaptés, des coiffeurs non formés. C'est tout un écosytème qui ne va pas pour une partie de la population. Et donc c'est une inégalité et donc c'est une discrimination et donc il faut corriger cela.
Kelly Massol, fondatrice "les secrets de Loly"
Ce jeudi, l'assemblée nationale a adopté en première lecture le texte du député Olivier Serva. La coupe, la longueur, la couleur ou la texture des cheveux viennent s'ajouter à la liste des discriminations passibles de sanctions pénales.
Un reportage de Nora Nonet et Denis Rousseau-Kaplan.