Le sénateur de Guyane Antoine Karam dénonce la hausse des frais d'inscription pour les étudiants étrangers

Antoine Karam, sénateur de la Guyane
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre de l'Enseignement supérieure Frédérique Vidal, le sénateur de Guyane Antoine Karam s'est opposé à la hausse des frais d'université pour les étudiants étrangers. Il dénonce également les explusions d'étudiants.
L'augmentation des frais d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers pose "de vraies difficultés" en Guyane, où 23% des étudiants ne sont pas de nationalité française, a estimé vendredi le sénateur guyanais Antoine Karam, dans une lettre à la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal.
 
Dans ce courrier, le sénateur souhaite qu'"une attention particulière" soit portée à la situation des étudiants étrangers inscrits à l'Université de Guyane pour "leur permettre de poursuivre dignement leurs études". Il souligne que l'Université de Guyane, créée en janvier 2015, ambitionne "de se développer en harmonie avec un territoire caractérisé par sa démographie dynamique et une immigration importante". 
 

23% d'étudiants étrangers


En 2017, on estimait entre 40 à 50.000 le nombre de personnes en situation illégale, venant notamment du Brésil, du Suriname et d'Haïti, pour une population d'environ 254.000 habitants. Selon Antoine Karam, "près de 23% des étudiants inscrits à l'Université n'ont pas la nationalité française. Au total, 900 jeunes seraient concernés par une augmentation des frais d'inscription à la rentrée 2019". 

Si le sénateur comprend "l'objectif" de cette mesure, "notamment en faveur du financement des bourses", il souligne que "son application en Guyane reviendrait purement et simplement à exclure de l'université des jeunes d'origine modeste pourtant désireux de s'intégrer dans la société". Cette mesure aurait aussi selon lui pour conséquence "de perturber l'équilibre financier de l'Université en tirant ses dotations brutalement vers le bas". 

Enfin, il regrette que ces étudiants fassent "parfois l'objet de contrôles d'identité intolérables aux abords du campus", et demande que "la carte d'étudiant permette de circuler sur le territoire guyanais, comme les lycéens le peuvent grâce à leur carnet de correspondance depuis 2006". Le sénateur se fait l'écho d'"une recrudescence des arrestations de jeunes étudiants étrangers en décembre dernier". Ce que confirme à l'AFP Milot Oxigène, représentant de RESF en Guyane. Depuis "quelques semaines, il y a une recrudescence des arrestations de lycéens et étudiants. On a dû intervenir pour une dizaine de cas", dit ce dernier. 

Actuellement, la communauté éducative se mobilise contre l'expulsion imminente d'un étudiant haïtien de 29 ans en 1e année de licence, et maintenu au centre de rétention administratif "depuis trois à quatre semaines", selon M. Oxigène.