Sénatoriales 2023 : quel avenir pour Sonia Backès après sa défaite aux élections ?

Sonia Backès, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, chargée de la citoyenneté, lors des réunions sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, à Paris, le 11 avril 2023.
Coup dur pour l’exécutif. Sonia Backès, candidate Renaissance, a été battue ce dimanche 24 septembre lors des élections sénatoriales en Nouvelle-Calédonie. La secrétaire d’Etat à la Citoyenneté, seule représentante du gouvernement lors du scrutin, n’aura pas convaincu assez de grands électeurs au second tour. Quelle position va adopter le gouvernement après cette défaite politique ? Explications du politologue Floran Vadillo président de l'institut de réflexion politique classé à gauche, L’Hétairie.

La défaite de Sonia Backès était-elle prévisible ? "Difficilement" selon le professeur à Sciences Po, Floran Vadillo, qui réagit après la défaite de la candidate Renaissance. Battue par le candidat indépendantiste du Front de libération kanak (FLNKS) Robert Xowie, le sort de la secrétaire d’État à la Citoyenneté pourrait être scellé ce mercredi, lors d’un entretien avec l’exécutif, comme l’annonce la presse nationale. 

Sonia Backès restera-t-elle au gouvernement malgré sa défaite aux sénatoriales ?

Floran Vadillo : Il est fort probable que Sonia Backès reste au gouvernement malgré sa défaite aux sénatoriales. Les réactions à sa défaite ont souligné que c’était une sanction contre Emmanuel Macron et Gérald Darmanin. (…) S'ils se séparent d’elle, ils accréditeront encore plus la défaite politique. Ils doivent maintenir une crédibilité politique.

L’exécutif ne garde que très rarement en poste un ministre perdant lors de scrutins électoraux, pourquoi Sonia Backès ferait-elle exception ?

Floran Vadillo : Dès qu’il le peut, le président de la République a la volonté de préserver son dispositif gouvernemental et de ne pas paraitre en réaction à l’actualité politique. C’est pourtant une vieille tradition de tenter de préserver l’apparence parlementaire de la Vème République. Lorsque des élus sont battus (…), on considère qu’ils ont des difficultés à aller devant le Parlement. C’était le cas d’Alain Juppé par exemple sous Nicolas Sarkozy ou pour d’autres ministres sous François Hollande. Pour Emmanuel Macron, il est assez loin de vouloir revendiquer la notion parlementaire du régime, on pense donc qu’il pourra s’accommoder facilement avec cette volonté exécutive.

Cette défaite était-elle prévisible ?

Floran Vadillo : La défaite était difficilement prévisible, même si plusieurs facteurs étaient en train de se coaguler pour comprendre qu’il y avait une rupture entre Paris et la Nouvelle-Calédonie. Néanmoins, Sonia Backès était censée tenir un réseau d’élus extrêmement puissants. Sa défaite est assez surprenante. C’est pour cela que les réactions disent que ce ne sont pas les deux sénateurs élus qui ont gagné, mais bel et bien Sonia Backès qui a perdu. (…) Tout cela laisse à penser que les mouvements de fractures étaient beaucoup plus profonds et durs que ce que l’on pouvait imaginer. La défaite extrêmement sèche est un indicateur, mais la défaite pouvait être l’une des hypothèses qu’il a fallu repousser pour pouvoir continuer les discussions politiques (ndlr sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie).

Selon le politologue donc, la place de la secrétaire d'État ne serait pas menacée dans l'immédiat. Réponse mercredi à Paris.