Et si la solution pour lutter contre les familles monoparentales venait des bancs du sénat. Après plus de cinq mois de travail, et de multiples déplacements en Guadeloupe et dans ses îles, la délégation sénatoriale aux Outre-mer et la délégation aux droits des femmes ont décidé de présenter leur rapport sur les familles dans les Outre-mer et leurs besoins, "Il faut reconsidérer la place des pères dans les politiques familiales" en les associant davantage "aux dispositifs de soutien à la parentalité", car la "stratégie de survie économique en lien avec le versement des prestations familiales" peut avoir des "conséquences financières et éducatives", a indiqué l'une des rapporteuses, Elsa Schalck, sénatrice LR du Bas-Rhin.
Les territoires ultramarins se distinguent par une forte prévalence de monoparentalité (59% en Martinique, 52% en Guadeloupe, 46% en Guyane et 38% à la Réunion contre 25% dans l'hexagone). Elle ne fait généralement pas suite à une séparation, mais commence dès la naissance et se poursuit pendant la majorité de l'enfance, selon le rapport. La part des naissances non reconnues par le père est également importante: 68% en Guyane, 63% en Guadeloupe, et 54% en Martinique contre 10% dans l'hexagone.
"Il faut trouver des solutions pour accompagner les grossesses"
Lutter contre les grossesses précoces et/ou non désirées est également un "enjeu d'éducation et de prévention" qui nécessite de dispenser des "séances obligatoires d'éducation à la vie affective et sexuelle dans tous les collèges et lycées des Outre-mer", soutient le rapport. Une mesure qu'entend défendre la sénatrice Annick Billon " Il faut trouver des solutions pour accompagner les grossesses. Parfois les femmes se tournent vers la grossesse que pour avoir un statut social... Il faut que ces grossesses soient désirées et non faites dans le but d'obtenir un statut social" avance la sénatrice qui est aussi présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.
Les sénateurs insistent aussi sur l'importance "d'accompagner les parents le plus tôt possible, dans tous les moments de leur vie de parents, y compris les plus difficiles", et pour cela il faut "renforcer les acteurs locaux de proximité et mieux coordonner les actions". La sénatrice Guadeloupéenne Victoire Jasmin, veut quant à elle "aller vers les familles, car il y a dans les territoires des personnes qui ne peuvent pas se déplacer facilement. Il faut former et informer ces familles suffisamment pour qu’ils puissent s’adapter à tous les supports", dit-elle au micro d'Outre-mer la 1ʳᵉ.
“Nous demandons maintenant à ce que le gouvernement passe à l'action"
Les cinq dispositifs principaux de soutien à la parentalité (réseaux d'écoute et d'appui aux parents, lieux d'accueil enfants-parents, contrats locaux d'accompagnement à la scolarité, médiation familiale, espaces rencontres) et le programme des "1.000 premiers jours" sont inégalement déployés dans les Outre-mer, ont constaté les sénateurs qui recommandent d'accélérer en l'adaptant leur déploiement. Ils préconisent aussi de "densifier les lieux d'accueil enfants-parents et les écoles des parents, en particulier en Guyane, à Mayotte et à Saint-Martin où des plans urgents de rattrapage sont nécessaires".
Victoire Jasmin va plus loin, la sénatrice de Guadeloupe voudrait " faciliter les formations et les modes de garde pour les enfants. Car ces derniers sont des freins pour les familles, qui ne peuvent pas les quitter pour aller se faire former", déclare-t-elle. La vice-présidente de la délégation sénatoriale aux Outre-mer exorde le gouvernement d'agir " Ils affichent [le gouvernement, NDLR] 5,5 milliards pour la petite enfance, donc maintenant, nous leur demandons de passer à l'action".
Maintenant que ce rapport est disponible, les quatre sénateurs espèrent que certaines de leurs préconisations pourront servir à inspirer certains textes de loi à la rentrée.