Stratégie industrielle : cobalt africain, nickel calédonien

Lingots de cobalt dans l'usine Deutsche Nickel en Allemagne.
Glencore grille la politesse à son concurrent Vale en livrant sa production de cobalt au Chinois Gem. Le recycleur asiatique s’était intéressé à l’usine du Sud (ValeNC) en Nouvelle-Calédonie. Pendant ce temps, aux Etats-Unis, le ferronickel calédonien gagne des parts de marché.
Le chinois Gem, leader asiatique du recyclage des métaux, était l’un des possibles partenaires financiers du producteur minier brésilien Vale pour son usine de nickel-cobalt de Goro (usine du Sud) en Nouvelle-Calédonie. Visiblement, le ticket d’entrée de 500 millions de dollars souhaité par Vale était trop élevé, le transformateur chinois a préféré l’achat direct de cobalt auprès de Glencore. De son côté, Vale a décidé de donner « du temps au temps » à son usine calédonienne devenue rentable avec la flambée du prix des matières premières et la réduction de ses coûts de production.

Glencore roi du négoce et du cobalt

Glencore, géant du négoce des matières premières et premier producteur mondial de cobalt, va livrer au chinois GEM un total de 52 800 tonnes en trois ans. L’industriel chinois, également recycleur de batteries électriques, va fournir au constructeur automobiles allemand Volkswagen l’essentiel de la commande géante de batteries vertes que le constructeur vient de signer pour un montant de 20 milliards d'euros.

Le métal de la transition énergétique

Volkswagen veut produire 3 millions de véhicules électriques d'ici 2025, en équipant 16 usines d'ici 2022. Les prix du cobalt ont plus que triplé depuis 2016, en raison de la demande, des constructeurs de véhicules électriques. Glencore, dont le cobalt est un sous-produit de ses mines de cuivre et de nickel en République démocratique du Congo, au Canada (Sudbury) et en Australie (Murrin Murrin), prévoit de produire 39 000 tonnes de cobalt en 2018 - soit 35% de la production mondiale.

En République démocratique du Congo, la réforme du code minier va augmenter le coût de production du cobalt, désormais considéré comme stratégique par ce pays d’Afrique. Il sera taxé à 10% contre moins de 2% aujourd’hui. Le métal se négocie 85.000 dollars la tonne au London Metal Exchange (LME), la Bourse des métaux de Londres, contre 22.000 dollars en janvier 2016.
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Derniers indicateurs du nickel calédonien

Le nickel, quant à lui est toujours en eau calme. Vendredi, à Londres, il s’échangeait dans une fourchette de prix 13.537-13785 dollars, en très légère hausse + 0,20 %. Du côté des statistiques, la dernière publication du Groupe international d’étude du nickel (INSG) à Lisbonne montre une augmentation annuelle de 1,8% de la production minière calédonienne. Pour la production métallurgique, les exportations de ferronickel, par la SLN et KNS, ont progressé de 8,1% notamment vers les Etats-Unis avec 5.958 tonnes (+56%), Taïwan 13.026 tonnes (+21%), la Chine, 30.084 tonnes (+18,5%). En Europe, c’est la Belgique qui est le principal importateur de nickel calédonien avec 4.727 tonnes de FeNi (+7%). En revanche, les exportations ont baissé vers l’Inde (-65%), la Corée du Sud (-49%) et l’Espagne (-36%).