"SUPPRIMEZ CE MINISTERE SVP" : suite au passage des Outre-mer sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, les réactions des élus continuent

Inutile pour les uns, essentiel pour les autres, le Ministère des Outre-mer cristallise les attentions politiques des Outre-mer
Depuis l’annonce hier du nouveau gouvernement et d’un ministère délégué aux Outre-mer sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, les réactions continuent. Entre critiques et soutiens, ces dernières sont variées.

A peine nommé, Jean-François Carenco, ministre délégué des Outre-mer auprès du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, fait face à une pluie de réactions. Pour autant, ce n’est pas sa personne qui est attaquée, mais sa tutelle auprès de la place Beauveau. Une " régression" pour Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer, qui répondait aux questions de nos confrères de Franceinfo : "Ça prend l'allure d'une sanction punitive, d'une punition électorale après la raclée électorale infligée au premier et au deuxième tour. Reléguer le ministère à un ministre délégué, cela veut dire que c'est d'abord l'ordre qui va prévaloir et pour le reste, on avisera."

Sous le ministère "de l’ordre", un changement de statut qui passe mal

C’est une critique récurrente de la gauche notamment, un ministère des Outre-mer mis sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. "Cela s’apparente à un message de reprise en main" pour Max Mathiasin, député de la Guadeloupe et vice-président du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires) à l’Assemblée nationale.

Nous voyons un gouvernement qui envoie comme message à nos territoires que nous allons de nouveau être rattaché au ministère de l’Intérieur, le ministère de l’ordre, le ministère diront certains du Raid et du GIGN et ce n’est pas acceptable, parce qu’aujourd’hui, nos problématiques, certes, sont de sécurité, de délinquance, mais elles sont surtout de pouvoir d’achat, d’emploi, de service public, de difficultés à organiser la gouvernance de nos territoires

Olivier Nicolas, Premier secrétaire de la fédération de Guadeloupe du Parti socialiste

Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise a quant à lui retweeté la page de la plateforme multimédia de la France Insoumise, l’Insoumission, qui a publié un article avec en titre : "Darmanin ministre de l’Intérieur + des Outre-mer : pour surveiller et punir les ultramarins ? " Une action dans la droite ligne politique de la France Insoumise, qui critique le "cynisme et le mépris de la macronie" concernant cet élargissement ministériel pour reprendre les mots de Mathilde Panot, député et présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale.

Enfin, la sénatrice PS de la Guadeloupe, Victoire Jasmin est particulièrement virulente concernant cette tutelle : "nommez un VRAI Ministre des Outre-mer sinon SUPPRIMEZ CE MINISTERE SVP." Un message qui a le mérite d’être clair.

Un homme d’expérience aux capacités reconnues

Les critiques concernant la tutelle du ministère des Outre-mer laissent en revanche place aux qualités du ministre délégué. . "Il connaît les problématiques, il connaît les hommes, il connaît les dossiers, il connaît les territoires. Il a été aussi préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon. Donc là, il n'y a pas de souci sur l'homme, il sera bien accueilli. Personne ne peut contester sa qualité et son expérience", reconnaît Victorin Lurel.

A Saint-Pierre et Miquelon, ou Jean-François Carenco a été préfet, il laisse un bon souvenir : "C’est un homme (…) qui connait bien les Outre-mer, qui a laissé une image positive sur le territoire, quand il s’agit d’un préfet, ce n’est pas forcément évident, et donc moi je salue et j’ai tenu à le saluer lors de son investiture, parce que c’est un homme avec qui on peut discuter, il a l’efficacité des hommes d’action", souligne Stéphane Lenormand, député de l’archipel.

Je crois qu’on aura un double interrupteur au sein du gouvernement, je pense vraiment que c’est une bonne chose.

Yannick Cambray, maire de Saint-Pierre (Saint-Pierre et Miquelon)

Bien que ne le connaissant pas avant de rentrer au gouvernement, la Calédonienne Sonia Backès, nouvelle secrétaire d’Etat en charge de la Citoyenneté, reconnaît un homme connaissant les Outre-mer : "On a longuement échangé sur le sujet des Outre-mer, mais au-delà, sur le sujet de la Nouvelle-Calédonie. Il connaît bien les Outre-mer, il connaît bien la Nouvelle-Calédonie pour y avoir été dans les années 1980, la période la plus compliquée (ndlr), j’ai commencé à avoir des discussions de fond et je pense que c’est une très bonne chose que nous puissions avoir ces échanges au sein du ministère de l’Intérieur, parce que Gérald Darmanin est aussi très investi".  

La nouvelle secrétaire d’Etat a aussi défendu la tutelle du ministère des Outre-mer, arguant de la volonté de Gérald Darmanin de s’impliquer dans les problèmes ultramarins : "Il (G. Darmanin) va faire le tour des Outre-mer, il l’a annoncé ce matin ou il sera en Nouvelle-Calédonie, c’est le 26 juillet, il est lui-même très impliqué sur les Outre-mer. Sur la Nouvelle-Calédonie, il s’était très fortement impliqué pour sécuriser le processus référendaire donc, très clairement, le ministre lui-même est très investit, très impliqué, et son ministre délégué connaît la Nouvelle-Calédonie, c’est vrai qu’au sein de ce ministère, on forme une équipe qui a une connaissance et une appétence particulière pour les Outre-mer et pour la Nouvelle-Calédonie."