Depuis le 25 janvier 2024 et jusqu'au 25 juillet 2025, la lanceuse de javelot guyanaise Alexie Alaïs est suspendue pour dopage, alors que le contrôle remonte à février 2023 et que la championne, toujours en délicatesse avec son genou, avait choisi de faire une pause depuis lors. Interview mise au point.
⇒ Alexie, que vous reproche concrètement l'AFLD (l'Agence Française de Lutte contre le Dopage) ?
Lors des championnats de France hivernaux de lancer 2023, j'ai été contrôlée positive au métabolite de la sibutramine. Or, je ne prenais strictement aucun traitement. À l'exception d'un complément alimentaire - l'Ipokads - qui devait m'aider à perdre du poids et qui était entièrement composé de produits naturels.
⇒ Pourquoi preniez-vous ce complément alimentaire ?
Tout simplement parce que j'avais pris 15 kilos durant toute la période de ma blessure au genou. Je souhaitais perdre du poids pour soulager à la fois mon genou et mon mental. Et comme l'Ipokads n'avait aucun composant figurant sur la liste des produits interdits, je ne me suis pas inquiétée.
⇒ Vous avez transmis cette info à l'AFLD ?
Absolument. J'ai toujours été transparente. J'ai également fait analyser à mes frais ce complément alimentaire. Il faut savoir que l'Ipokads est un produit brésilien. Et malheureusement, le laboratoire a bien confirmé la présence de sibutramine dans les comprimés. L'AFLD a ensuite reconnu que je n'avais pas cherché à améliorer mes performances. Mais que j'aurais dû faire plus attention !
⇒ Mais pourquoi l'AFLD a-t-elle attendu aussi longtemps avant de vous sanctionner ?
C'est la grande question. Je viens de perdre un an ! Dès le début 2023, j'avais prévu de faire une longue pause. Pour me consacrer à moi et à ma famille. Ici. Chez moi. En Guyane. Encore une fois, je ne suis pas une tricheuse ! Aujourd'hui, je tombe de haut. Un peu comme si on cherchait à expliquer aux gens que je m'étais dopée pour des JO de Paris qui n'étaient de toute façon pas à mon programme. C'est ridicule.
⇒ Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous aujourd'hui ?
Je me retrouve toute seule. Plus aucun soutien. Heureusement que je peux compter sur ma famille. Je profite de ma pause avec eux à mes côtés. Car dans certains articles que je lis, c'est terrible. Je ne suis plus une championne française. Je suis redevenue une Guyanaise. Une dopée qui ne lance plus depuis un an ! Tout cela est très difficile à vivre émotionnellement. Car je le dis et je le répète : je ne suis pas une tricheuse.