Le syndicat calédonien du nickel, inquiet pour l'emploi, est tenté de forcer le trait

Minerai de nickel calédonien dans l'usine SLN (Eramet) de Doniambo en Nouvelle-Calédonie
Surproduction mondiale, mise en service de nouvelles usines et stocks très élevés, le cours du nickel s’établit actuellement autour de 9.500 dollars la tonne (9.000 dollars selon le Soenc-Nickel). Le syndicat calédonien s'inquiète pour les emplois.
Le premier syndicat minier de Nouvelle-Calédonie s’est dit vendredi « très inquiet » de la baisse continue des prix du nickel, craignant la fermeture d’une des trois usines métallurgiques du Territoire. « On est très inquiets pour nos emplois et pour nos familles », a déclaré à la presse Pierre Tuiteala, secrétaire général du Soenc-nickel. Et de poursuivre, « les trois usines sont en difficulté. S’il y en a une qui ferme, c’est toute l’économie qui va en prendre un coup et les répercussions seront désastreuses » a-t-il également indiqué.


La Chine et le nickel

Le métal gris a perdu près de 49 % de sa valeur sur trois ans, mais au terme d’une flambée purement spéculative. À Londres, les analystes du Metal Bulletin et ceux de Capital Economics estiment que les cours du nickel, qui regagnent près de 6 % sur un mois, devraient remonter dans une fourchette comprise entre 10.000 et 12.000 dollars. La croissance de l’économie chinoise soutient la demande de nickel calédonien selon les derniers indicateurs industriels. Le Soenc s'inquiète lui d'un « repli de l’économie chinoise ».

Un coût nickel calédonien entre 11.000 et 11.500 dollars, un prix de vente autour de 10.000 dollars. 
"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable


Le meilleur nickel mais cher à produire 

Quoi qu’il en soit, les prix actuels handicapent les trois usines du territoire. Elles perdent encore de l’argent, même si l’hémorragie de 2015-2016 est stoppée. La SLN, VNC et KNS ont bénéficié d’un soutien sans faille de l’Etat mais aussi des sociétés minières concernées. Aujourd'hui, le Soenc-Cfdt se dit particulièrement préoccupé par la situation de l’usine du groupe brésilien Vale, dans le sud de l’archipel, qui emploie près d’un millier de métallurgistes et mineurs. Le nouveau PDG de la multinationale brésilienne, Mario Schvartsman, a fait monter la pression début juillet à Rio, en laissant entendre qu’il pourrait fermer l’usine calédonienne.

Plan de performance

Prêts à consentir des efforts supplémentaires, les syndicalistes du SOENC ont indiqué que « le prix de revient du nickel à Vale est désormais de 11.000 dollars la tonne, "on veut que les dirigeants du groupe nous laissent le temps de montrer qu’on peut faire mieux » a encore indiqué à l’Afp Pierre Tuiteala. Toujours selon l’Afp, le Soenc-Nickel souligne également que la situation de la société Le Nickel, filiale du groupe français Eramet, « qui perd 20 millions d’euros par mois », (entre 10 et 18 millions selon Eramet), ainsi que celle de l’usine du Nord opérée par la multinationale anglo-suisse Glencore et la SMSP calédonienne, nourrit également les inquiétudes.

Dialogue

Le Soenc-Nickel doit évoquer la situation de l’industrie calédonienne avec la Ministre des Outre-mer Annicke Girardin, en visite officielle la semaine prochaine à Nouméa. Le syndicat a de bonnes raisons d’être inquiet, mais aussi d’assombrir un peu le tableau. Il veut veut sensibiliser et obtenir de nouvelles garanties de l’Etat. Le secteur minier calédonien emploie environ 7.000 personnes, soit 11 % de l’emploi privé en Nouvelle-Calédonie. Le territoire détient 9 % des réserves planétaires de nickel, au même niveau que l'Indonésie et l'Afrique du Sud.