TÉMOIGNAGE. Aurélie Barnabot, psychologue : "Si je n'étais pas guérie (du traumatisme d'un viol subi à 17 ans), je n'aurais pas pu faire ce métier"

Si aujourd'hui Aurélie est psychologue et accompagne les femmes à faire la paix avec leur passé, c'est parce qu'elle sait de quoi elle parle. En 2014 elle est victime d'un viol alors qu'elle va sur ses 18 ans, se sentant coupable et inutile elle lance un appel au secours à Dieu qui sera entendu, lui évitant de se suicider. Depuis elle a même fondé une famille.

"J'étais là dans ma petite salle de bain avec ma lame de rasoir et Dieu était le seul qui faisait sens donc je lui ai dit : si vraiment tu existes c'est maintenant ou jamais. À ce moment-là, je me suis sentie enveloppée, comme si quelqu'un venait me prendre et me dire : même si tout le monde t'abandonne, moi je suis là, c'était vraiment une présence et c'est ce qui a fait que j'ai lâché cette lame de rasoir."

Aurélie sait que sans lui elle ne serait pas là aujourd'hui, qu'il lui donne cette force au quotidien qui lui permet d'avancer. "Je chemine avec lui car je sais qu'à travers ce que je suis, mes valeurs et ce que je dégage, il y a un but et qu'il s'exprime à travers moi par l'amour."

Se reconstruire après ce viol n'a pas été chose aisée pour Aurélie. Anéantie par la perte de l'estime de soi, des sentiments d'abandon et de culpabilité, elle se dit qu'elle ne vaut rien et qu'elle n'avait pas à aller chez lui, aujourd'hui pas du tout. "La culpabilité, la honte sont des sentiments qui sont logiques quand on est victime et il faut comprendre grâce à la thérapie que nous ne sommes coupables de rien."

Et la guérison est essentielle avant d'aider l'autre à guérir : "Si je n'étais pas guérie, je n'aurais pas pu faire ce métier, j'aurais été trop prise par ce que l'on me dirait au quotidien". Tout en pansant ses blessures, Aurélie a réussi ses études de psychologie tout en devenant maman et en fondant une famille. Puis elle s'est mise à son compte, à 28 ans et aujourd'hui elle a déjà créé une académie "pour accompagner les femmes à guérir, pour s'aimer, reprendre confiance en elles et avancer".
Elle est également fondatrice et présidente de l'association AB.INSPIRES qui vise à aider les élèves victimes de harcèlement en milieu scolaire.

Aurélie a toujours gardé ses émotions et sa sensibilité, et le revendique : "Je suis une femme qui pleure, je suis sensible et je suis totalement ok avec ça mais je sais que j'ai encore plein de choses à accomplir et j'adore le fait de grandir, de vieillir".