TÉMOIGNAGE. Franck Nicolas, " La musique c'est quelque chose qui pour moi est sacré. C'est le langage du divin et le fait de donner de la musique aux gens les rend heureux. Cette mission-là j'y crois à fond la caisse ".

Franck Nicolas est un musicien qui a su dresser des passerelles entre le jazz et le Gwo ka de son île la Guadeloupe. A l'école de ses mentors que sont Miles Davis, Kafé Edouard Ignol et Pierre Edouard Décimus il crée le Jazz Ka. Puis en quête de nouveauté vers ses racines caribéennes il s'ouvre de nouveaux horizons musicaux avec les conques de Guadeloupe.

" Miles Davis a été comme un mentor pour moi, même si je ne l'ai pas rencontré en vrai. Je l'ai découvert à 10 ans et l'ai pris comme un modèle version Guadeloupéenne ", en s'inspirant du grand jazzman américain " Qui a changé 7 fois de musique dans sa vie, ce qui est une prouesse " Franck crée le Jazz Ka pour se rapprocher de sa culture sur les conseils d'un certain Kafé Edouard Ignol " C'est un des créateurs du Gwo Ka moderne, le fait de mettre la percussion des esclaves avec des instruments comme la guitare, le piano et la trompette. Il m'a engagé dans son groupe et m'a tout appris du Gwo Ka moderne ". Mais bien avant cet épisode c'est un certain Pierre Edouard Décimus, cofondateur de Kassav qui vient le chercher pour jouer avec l'orchestre qui deviendra si célèbre, " Mais mon père n'a pas voulu j'étais trop jeune, je n'avais que 13 ans et il fallait que je fasse mes études ". 

Franck Nicolas n'est pas quelqu'un qui joue quelques notes de musique par-ci par-là et puis s'en va. Non il est un artiste, " Quand on est artiste au sens où on fait un art auquel on a voué toute sa vie et qu'on ressort ses sentiments, ses émotions qu'on a intériorisés, on touche là quelque chose d'unique et de divin. Notre rôle à nous artistes, notre mission c'est de donner de la lumière aux gens, parce que la musique c'est une lumière ". Une mission sacrée pour une lumière divine à laquelle Franck croit dur comme fer.

" J'ai fait une grève de la faim en 2018 pour défendre cette musique. C'était très dur, j'ai failli mourir au bout d'un mois et demi. J'ai tout simplement défendu le jazz caribéen en disant qu'en France il y a des discriminations par rapport à la musique Antillaise qui n'est pas du tout représentée dans les festivals ", une réalité qui ne changera pas Franck qui entend " continuer à distiller son message artistique. Je suis un rebelle et le revendique. Je viens d'un peuple qui est guerrier, que ce soient les Kalinas ou les Neg Marrons ".