Autant ne pas faire durer le suspense : faire une semaine complètement sans voiture à Mayotte, c’est mission quasi impossible. En revanche, se déplacer de façon plus écologique (et plus économique) c’est possible ! Pendant une semaine, je me suis interdit d’utiliser toute seule ma voiture afin de diviser les coûts écologiques et financiers de mes transports. J’en ressors agréablement surprise et motivée pour changer durablement mon comportement. Voici le récit de ma semaine.
- Jour 1 : le taxi partagé
Ce sont un peu nos “transports en commun” à nous à Mayotte ces taxis. Mais ce n’est pas toujours simple, surtout si on est pressé(e) ou si on doit être ponctuel(le) pour aller au travail, ce qui est mon cas. Soit ils attendent d’être complets avant de démarrer, soit il n'y a au contraire aucune place disponible, c’est un mode de transport assez incertain. J'appréhendais donc un peu car ce n’est pas toujours simple de trouver un taxi avec une place libre. J’avais prévu pas mal d’avance, par sécurité. Finalement, j’ai eu de la chance, j’ai trouvé très vite et je suis arrivée à l’heure au travail… pareil pour le retour !
D’un point de vue économique, en revanche, le taxi partagé n'est pas forcément une bonne affaire. J’ai dépensé 4€ pour un trajet aller-retour assez court, une dizaine de kilomètres au total.
- Jour 2 : auto-stop
C’est une première pour moi… et je crains un peu cette journée. J’ai peur de ne pas être à l’heure, mais surtout de tomber sur des gens que je ne connais pas.
Heureusement, j’ai pu compter sur la générosité des Mahorais et j’avais ma bonne étoile avec moi ! Je suis tombée sur des connaissances qui m’ont pris en stop bien volontiers. Après 15 minutes d’attente, une amie d’enfance m’a récupérée et m’a avancée de la moitié du chemin. J’ai presque aussitôt trouvé une autre voiture, avec un inconnu cette fois, mais très sympathique.
En tout cas, ma voiture ne me manque pas du tout, au contraire ! C’est plutôt un soulagement de ne pas être derrière le volant et de subir les embouteillages.
- Jour 3 : covoiturage
J’ai dû reprendre le volant pour des raisons personnelles mais je n’abandonne pas pour autant le défi ! J’ai profité de la générosité des Mahorais hier, alors aujourd’hui je leur rends en faisant du covoiturage, et en prenant cette fois-ci des gens en stop avec ma voiture.
J’ai croisé des amis qui voulaient aller à Mamoudzou, la capitale de Mayotte, et je les ai pris avec une autre personne, que je ne connaissais pas. Résultat : beaucoup d’embouteillages, je regrette clairement les deux jours précédents. Le trajet passe beaucoup plus vite lorsqu’on est du côté passager.
Et cela m’a donné une idée, pour une prochaine journée ou un prochain défi : me rendre à mon travail en marchant ! Il y a environ 5 kilomètres, c’est tout à fait faisable. Je le ferai peut-être pour la dernière journée de ce challenge. Mais en tout cas, ces moments de partage, de covoiturage, sont des moments de pur bonheur, je recommande à tout le monde d’arrêter de se déplacer seul(e) en voiture.
- Jour 4 : des collègues m’emmènent au travail
Aujourd’hui, des collègues me conduisent jusqu’au travail et, petite particularité, elles parlent toutes les deux le shibushi (une des trois langues parlées à Mayotte), alors que moi non. Mais j’essaie d’apprendre cette langue depuis quelque temps, ce qui rend le trajet d’autant plus agréable. C’est un parcours pédagogique !
Au fil des jours, je me rends vraiment compte à travers ce défi que ce type de transport me convient. J’aime discuter en voiture avec des gens. C’est quelque chose que je vais essayer de conserver, même une fois le défi terminé.
- Jour 5 : en voiture avec ma soeur
Ma sœur a l'habitude de partager sa voiture avec son mari et sa belle-famille, alors aujourd’hui, pour mon dernier jour de défi, elle m’accueille et prend le volant. Et nous avons même pris deux autres personnes en stop.
- Ce que je retiens de cette semaine
Tout s’est extrêmement bien passé et je réalise que mon regard a profondément changé sur les transports en une semaine. Si de nombreuses contraintes nous poussent à utiliser notre voiture (l’incertitude de l’autostop, le trop faible nombre de taxis, le trafic…), je me rends compte que finalement, ce n’est pas aussi contraignant que je le pensais.
Mon seul regret, c’est de ne pas avoir marché. Mais je le ferai ! Et pour l’occasion, nous lancerons une mobilisation sur les réseaux sociaux de La 1ère, de Mayotte La 1ère et à la radio. L’idée ? Que nous soyons le plus nombreux possible à tenter ensemble ce nouveau défi.