À Mayotte, il est difficile de se passer de sa voiture… L’île ne compte pas encore de transports en commun. Il y a bien quelques taxis, mais se rendre au travail en les empruntant tous les jours représente quand même un sacré budget. Le seul mode de transport que je n’avais pas testé lors de mon défi une semaine sans, c’était de me rendre à pied au travail, de Koungou à Mamoudzou, soit 8km. Alors j’ai lancé un appel collectif pour que des personnes me rejoignent et fassent avec moi le trajet de leur domicile à leur lieu de travail à pied. Voici le récit de mon périple.
5h30 – Rendez-vous à la Poste de Koungou
J’ai donné rendez-vous à tout le monde à 6h devant la Poste… malheureusement, personne n’a l’air d’être au rendez-vous… ça commence bien. Il faut dire qu’il y a eu des grosses pluies en fin de nuit, et que personne n’a envie d’arriver au travail tout mouillé ! C’est aussi ça le problème à Mayotte, sans transport en commun, emprunter son vélo, aller à pied, c’est s’exposer aux intempéries.
La seule personne qui est à l’heure c’est Cédia. Je lui ai demandé de faire le même trajet que moi mais en voiture, nous allons donc pouvoir comparer en temps réel combien de temps nous mettons chacune.
6h00 – Début du trajet : Koungou vers Majicavo Koropa
J’ai à peine fait un kilomètre à pied que je rejoins déjà les embouteillages. C’est une longue file de voitures qui part de la sortie du village de Koungou pour rejoindre l’agglomération de Mamoudzou.
Comme je ne suis pas au volant, j’ai le temps d’admirer le paysage. C’est plutôt agréable de marcher au bord de la route avec la mangrove et le lagon d’un côté et la montagne de l’autre. Malheureusement, les déchets sont quand même bien présents à plusieurs endroits et ruinent ce magnifique paysage. Si seulement on pouvait trouver des solutions durables pour en venir à bout. Non seulement c’est moche, mais en plus et surtout ça pollue les mangroves, les sols et les cours d’eau !
7h00 – Suite du trajet, je ne suis plus seule.
Je comprends pourquoi peu de personnes ont répondu à mon appel, c’est parce que tout le monde est déjà en marche ! Depuis mon arrivée dans le village de Majicavo Koropa je croise beaucoup de personnes. Il y a les collégiens et les lycéens qui vont à pied à l’école faute de transport scolaire. Il y a aussi plein de Mahorais qui se rendent au travail à pied. J’ai croisé des personnes âgées, un professeur de collège, des travailleurs… Je ne pensais pas qu’il y avait autant de monde qui marchait à Mayotte ! Et tout au long de ma traversée du village suivant, Majicavo Lamir je vais croiser de plus en plus de monde.
7h30 – Arrivée à Kaweni
Je viens d’avoir un appel de ma complice. Elle vient d’arriver à Mamoudzou. De mon côté je viens d’arriver à Kaweni, c’est le dernier village avant à traverser avant Mamoudzou. Il me reste encore moins de deux kilomètres.
7h45 – Arrivée à Mamoudzou
Un peu avant 8h du matin j’arrive enfin à Mamoudzou. Finalement entre Cédia et moi, il n’y a eu qu’une différence de 15 minutes, c’est peu !
Ce que je retiens de ce défi
Je pensais que ce défi serait plus difficile à réaliser, mais finalement, se passer de voiture c’est assez facile. Avec les embouteillages, le temps de parcours est quasiment le même. Je trouve que c’est un bon moyen de réduire son empreinte carbone, car en plus, dans les bouchons les moteurs des voitures continuent de tourner, c’est de la pollution inutile !
Alors certes c’est un bon exercice physique, mais le paysage tout au long du parcours est plutôt agréable.
A mon avis, quand le réseau de bus sera installé dans l’agglomération de Mamoudzou, ce sera plus facile de mixer marche à pied et voyage en bus. Ce sera un bénéfice évident pour la planète !
Maïmoun, vigie En 1ère Ligne de Mayotte.