Par quel bout prendre Fos a kaz la ? Quel biais, quel chemin emprunter pour vous en parler, pour vous faire entendre que, s’il passe par chez vous, ce serait dommage de se priver de ce spectacle ? Tentons l’affaire en quelques arguments posés là comme ils viennent…
Argument #1 : c’est un documentaire intime
Myriam Baldus nous propose un voyage intime en revenant vers sa Guadeloupe, terre de sa naissance mais qu’elle a quittée à deux ans, celle où vivaient ses grand-parents et où elle a fait depuis de belles rencontres familiales, amicales et musicales. Le tout se dévoile en images et en témoignages pendant tout le spectacle. La slameuse et créatrice du spectacle Myriam Baldus nous en dit plus :
Argument #2 : c’est un concert musicalement riche
Pour conter son histoire, la slameuse se pare de son flow et de ses mots, tendres et puissants, qui suintent l’amour qui déborde et la colère contenue. Qui disent le c’était-bien-avant et le regardez-ce-que-nous-sommes-devenus. Qui avancent un pied dans les champs de canne de la campagne guadeloupéenne et l’autre cueillant les fleurs de béton des cités soi-disant malfamées.
Le slam se mêle alors comme une évidence à l’entendre, aussi bien aux rythmes électroniques et ragga d’ExXos metKakOla qu’à ceux du tambour ka traditionnel du comédien et musicien Yannick Louis dit Yao qu’elle a conviés et convoqués sur scène pour ce voyage poético-musical.
Argument #3 : faire connaissance ou reconnaissance avec la Guadeloupe
Familier ou non avec les îles de la Guadeloupe, Myriam Baldus nous balade à travers les lieux, l’espace et le temps qui ont créé la Guadeloupe d’aujourd’hui. Ses textes racontent, son slam conte et démonte tous les mécanismes employés pour inexorablement transformer le visage de la Guadeloupe. Et c’est la que la kaz de ses grands-parents entre en jeu. Tombée en désuétude, la voila héroïne de ce spectacle-somme d’une vie ; voilà la case, la maison de tôle devenue, redevenue, objet-témoin du temps qui passe et trépasse. Et le public a été conquis par ce voyage :
Myriam Baldus a sauvé la kaz de ses grand-parents et quelques des tableaux que son original de grand-père avaient peints dans un style naïf qui n’est pas sans rappeler Haïti -. Et voilà la kaz le lieu, l’objet de transition et de transmission, le vecteur-acteur qui devient point de réunification comme à nul autre pareil.
Et c’est peut-être dans ces moments de confession, de partage et d’édification des consciences que le spectacle atteint son apogée émotionnel. Comme si dans ce chimin kat’ kwazé (*traduisez ce carrefour) artistique, tout s’alignait pour confondre adroitement la Grande et la petite histoire, le collectif et l'intime...
"Fos a Kaz la, la force de ma case au coeur de la cîté" de Myriam Baldus, conçu et mis en scène par Géraldine Bénichou, jusqu'au 30 juillet à la Chapelle du Verbe Incarné, dans le TOMA 2022.