Sous ses airs de hip hop joyeux, plein de vitalité et bondissant, il y a de la gravité dans ce spectacle-là et ce n’est pas le titre que le chorégraphe David Milôme a choisi qui nous indiquera le contraire… Le créateur détaille le propos de Spectre :
Tout commence par une célébration de l’amour entre les gens, de l’amitié liant les uns aux autres. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et ça se sent et se voit dans les corps et les visages des danseurs. Extrait :
Mais bang, d’un coup, coup d’arrêt, tout s’arrête. Spectre met alors en scène les corps dont on sent qu’ils essayent irrémédiablement de vivre mais avec un poids, une pression, une épée de Damoclès au dessus d’eux. Les danseurs affichent aussi sur leurs visages une expression à l’image de cette gravité qui s’accorde à leur mouvement tantôt très brefs ou saccadés comme interrompus, tantôt très lents comme pour attendre ou retarder en vain l’inéluctable.
Ce Spectre qui donne son nom au spectacle chorégraphié par David Milôme, c’est celui de la mort qui rôde, le tout visiblement inspiré de toute cette période de la pandémie où le décompte des morts était notre horizon quotidien.
Symbole fort sur scène, des stèles tour à tour amenées et posées par les danseurs donnent l’impression que désormais toute la vie s’articule entre ces tombes dans lesquelles inexorablement nous finirons tous.
Mais Spectre c’est aussi un hommage du monde des vivants aux chers disparus… Hommage rendu comme une cérémonie aux corps qui passent à trépas et aux âmes qui ne sont plus de ce monde. Le spectacle et la troupe de danseurs ont enthousiasmé le public qui n’a eu pour eux que des mots dithyrambiques :
En attendant la mort, vivons ! Est-ce l’un des messages de ce spectacle ? Toujours est-il qu’il y a beaucoup beaucoup d’énergie dans ce Spectre. Malgré le sujet, pas un temps mort, d’excellentes ruptures de rythmes et surtout de prodigieux danseurs que Milôme a réunis sur scène. Venus du Brésil, d’Uruguay, du Cameroun ou de Martinique, leur complicité dans l’accomplissement de ce spectacle est jubilatoire. Malgré ce monde qui ne tourne pas rond et la mort toujours en embuscade, Spectre donne, à le voir, furieusement envie de vivre !
"Spectre" de David Milôme à la Chapelle du Verbe Incarné, dans le TOMA 2022 jusqu'au 30 juillet (relâche les mercredis)