"Hip-hop, afro, rolento, house, wacking, un peu de jazz-rock aussi", énumère Tomi quand on lui demande son style de danse. À seulement 10 ans, lui et son frère jumeau Keziah ont déjà leurs habitudes au Cent-Quatre, lieu culturel du XIXe arrondissement de Paris où ils viennent parfois s'entrainer avec des amis. Doudoune oversize et sac banane en bandoulière, les deux jeunes garçons semblent avoir tout compris des codes qui régissent le hip-hop.
Élèves de CM2, voilà deux ans qu'ils ont commencé "sérieusement" la danse, même si la musique a toujours fait partie de leur quotidien. "Ils dansent depuis qu'ils sont en couche-culotte", s'amuse leur mère Johana, Réunionnaise arrivée en région parisienne pour ses études. Leur père, lui, est Guyanais. Résultat, à la maison, "toujours de la musique, assez variée. Ils connaissent le maloya et Tomi parle même un peu créole, mais avec l'accent métropolitain", poursuit leur mère.
Juste des enfants qui dansent
"Comme on est petits, entre guillemets, lance Keziah, les gens, ils ne s'attendent pas à ce qu'on danse." Petits certes, mais avec une maturité artistique déjà bien installée. "Pourquoi j'aime danser ?, poursuit Keziah. Parce que je me sens libre. La danse, c'est avant tout un art et du coup ça permet de s’exprimer. Même si ce n'est pas forcément bien ce que tu fais, les gens, ils vont quand même t’encourager."
Impressionné par les plus grands ? Pas du tout. À la Yudat School, l'école de danse hip-hop dans laquelle ils sont inscrits depuis septembre, ils participent aux cours adultes. "Les battles, c’est avec les grands, les castings, c'est avec les grands, les clips aussi", justifie Tomi. Les clips, les Tiny Twins en ont déjà fait. Surtout un, celui du titre "La capitale est sous contrôle" des rappeurs parisiens Leto et Guy2bezbar.
"Le tournage, c'était intense, se souvient Tomi. C’était un clip en plan-séquence donc une erreur et on recommençait tout. On a fait beaucoup de prises, toute la journée. À la fin, j'étais ému quand même. Un clip avec Leto !"
Beyoncé et DJ Snake en icônes
"Je ne sais pas comment ils ont atterri là-dedans", s'amuse Johana, celle que l'entourage de ses enfants appelle leur manageur ou "uber-mama" à cause des multiples déplacements qu'elle fait pour trimballer ses danseurs. "Tomi, il était fan de Beyoncé et il regardait les vidéos des concerts, raconte Keziah. Et j’ai vu les Twins, je me suis dit : ils dansent, ils sont jumeaux, nous aussi, on est jumeaux, nous aussi, on va danser." Les Twins c'est cet autre duo de jumeaux d'origine guadeloupéenne et francilienne, célèbres danseurs de Beyoncé. Si les égaler, voire les dépasser, est leur objectif, "ça sera compliqué", relativise le jeune garçon.
Depuis quelques mois, l'un des jumeaux, Keziah, s'est aussi mis à mixer. "Quand je serai grand, je serai DJ comme DJ Snake, mais en hip-hop, et danseur. Mon rêve, c'est de devenir le plus grand danseur du monde, avec Tomi", conclut Keziah. De grands rêves certes, mais "il faut bien rester les pieds sur terre quand même, il ne faut pas avoir la tête qui gonfle, les chevilles… elles vont rester normales", promet Tomi.