Un Guyanais a été condamné lundi par le tribunal correctionnel de Metz à 3 ans de prison ferme et 25.000 euros d'amende pour transport et détention de stupéfiants. Le 1er octobre, il avait été interpellé avec 1,2 kg de cocaïne dans les intestins. Une quantité record pour les douaniers lorrains.
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Les juges ont suivi, à la lettre, les réquisitions du procureur : 3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, renvoyant directement le prévenu à la prison où il séjourne depuis 3 semaines. À cette peine vient s'ajouter une amende douanière de 25.000 euros.
Durant l'audience, Abelec A. s'est montré coopératif, mais sa franchise n'a pas suffit à susciter la clémence des magistrats. Si ce Guyanais de 35 ans a répondu calmement et assez précisément aux questions de la présidente, il n'a rien dit, en revanche, ni de ses commanditaires, ni des personnes qui devaient recevoir la marchandise.
Parti de Guyane la veille, passé par Paris, il est finalement repéré à bord d'un TGV par des agents des douanes qui jugent son comportement suspect. Un peu plus tard, des examens médicaux révèlent la présence de 149 capsules de cocaïne dans son appareil digestif.
Devant le juge, le père de famille au casier judiciaire vierge, a reconnu qu'il s'agissait de son 5ème voyage cette année en tant que passeur. Depuis janvier 2017, il aurait convoyé 4 kg de cocaïne depuis la Guyane jusque dans l'hexagone.
Une fois arrivé à Orly, Abelec A. reçoit un coup de fil lui indiquant où se rendre. Si Nancy a été sa dernière destination, il affirme avoir livré ses quatre autres commandes dans quatre villes différentes de l'hexagone : Le Mans, Lyon, Le Havre et Niort.
Selon lui, deux raisons l'expliquent. D'abord, il est facile d'importer la marchandise en Guyane depuis le Surinam ou le Brésil voisins par la forêt et les fleuves. Et puis, la Guyane étant un département français, les contrôles douaniers n'y étaient pas très poussés jusqu'à récemment. Les douanes espèrent que les nouvelles procédures de contrôle contribueront à décourager les futures passeurs.
Pour son avocat, Me Benoit Lejeune, le trentenaire est "un pion qui a agi par désespoir" et qui n'en tirait pas des revenus particulièrement élevés. "Nous n'avons pas affaire à un baron de la drogue. [...] 13.200 euros sur 10 mois, en réalité, c'est un SMIC."
Pour le procureur, au moment de son interpellation, le prévenu était en train de devenir "un passeur chevronné". "Ce n'est pas quelqu'un qui est un pur exécutant [...] il connaît les enjeux et les risques." Ses résultats au tests salivaires semblent jouer contre lui : Abelec A. n'est pas un toxicomane, "il ne fait pas ça pour sa consommation personnelle, juste pour son business" poursuit le magistrat.
Le procureur semble avoir convaincu la cour qui a condamné Abelec A. à 3 ans de prison ferme et 25.000 euros d'amende. Au terme de l'audience, Me Lejeune a indiqué que son client avait l'intention de faire appel.
Durant l'audience, Abelec A. s'est montré coopératif, mais sa franchise n'a pas suffit à susciter la clémence des magistrats. Si ce Guyanais de 35 ans a répondu calmement et assez précisément aux questions de la présidente, il n'a rien dit, en revanche, ni de ses commanditaires, ni des personnes qui devaient recevoir la marchandise.
Une quantité record dans les intestins
Ces 1.200 grammes de cocaïne auraient pu rapporter entre 80.000 et 100.000 euros à la revente si ce père de famille de Saint-Laurent-du-Maroni n'avait pas été interpellé le 1er octobre dernier, en gare de Nancy.Parti de Guyane la veille, passé par Paris, il est finalement repéré à bord d'un TGV par des agents des douanes qui jugent son comportement suspect. Un peu plus tard, des examens médicaux révèlent la présence de 149 capsules de cocaïne dans son appareil digestif.
Cinq voyages, 4 kg de drogue
"C'est à la limite des capacités humaines", explique le représentant des douanes de Nancy, service qui est à l'origine de l'interpellation d'Abelec A., la troisième "mule" guyanaise arrêtée dans la région depuis le début de l'année. Pour les douanes, c'est la preuve qu'un réseau est en cours de constitution, voire déjà opérationnel, dans la région.Devant le juge, le père de famille au casier judiciaire vierge, a reconnu qu'il s'agissait de son 5ème voyage cette année en tant que passeur. Depuis janvier 2017, il aurait convoyé 4 kg de cocaïne depuis la Guyane jusque dans l'hexagone.
Du Surinam à la Lorraine, parcours désormais "habituel" de la drogue
Cette drogue, le Guyanais la récupère à quelques kilomètres de son domicile de Saint-Laurent du Maroni, de l'autre côté du fleuve, au Surinam. C'est là aussi, dit-il, qu'il ingère les ovules, conditionnés dans des capsules en latex ou en cellophane, contenant chacunes quelques grammes de drogue, presque trois jours avant son voyage.Une fois arrivé à Orly, Abelec A. reçoit un coup de fil lui indiquant où se rendre. Si Nancy a été sa dernière destination, il affirme avoir livré ses quatre autres commandes dans quatre villes différentes de l'hexagone : Le Mans, Lyon, Le Havre et Niort.
Décourager les "mules" avant le départ de Cayenne
Pour la direction régionale des douanes de Nancy, les "mules" en provenance de Guyane sont de plus en plus fréquentes dans la région. "Depuis un an ou un an et demi, c'est une nouvelle façon de transporter la cocaïne depuis la Guyane", explique le représentant du service à l'audience.Selon lui, deux raisons l'expliquent. D'abord, il est facile d'importer la marchandise en Guyane depuis le Surinam ou le Brésil voisins par la forêt et les fleuves. Et puis, la Guyane étant un département français, les contrôles douaniers n'y étaient pas très poussés jusqu'à récemment. Les douanes espèrent que les nouvelles procédures de contrôle contribueront à décourager les futures passeurs.
La précarité et le désespoir
Ancien chauffeur routier puis orpailleur, Abelec A. ne travaillait plus depuis 3 ans. Sans ressources autre que le RSA, il dit avoir vu dans le convoi de cocaïne, au péril de sa vie, le seul moyen de vivre et prendre soin de sa famille. Au cours de ses 4 premiers voyages, il a transporté 2,8kg de cocaïne contre une rémunération totale de 13.200 euros.Pour son avocat, Me Benoit Lejeune, le trentenaire est "un pion qui a agi par désespoir" et qui n'en tirait pas des revenus particulièrement élevés. "Nous n'avons pas affaire à un baron de la drogue. [...] 13.200 euros sur 10 mois, en réalité, c'est un SMIC."
Simple pion ou passeur chevronné ?
La précarité, un motif dont doutent le procureur et le service des douanes qui s'est porté partie civile. À Saint-Laurent du Maroni, Abelec A. vit avec sa compagne et ses deux enfants. Mais il ne paie pas de pension alimentaire pour ses 8 autres enfants.Pour le procureur, au moment de son interpellation, le prévenu était en train de devenir "un passeur chevronné". "Ce n'est pas quelqu'un qui est un pur exécutant [...] il connaît les enjeux et les risques." Ses résultats au tests salivaires semblent jouer contre lui : Abelec A. n'est pas un toxicomane, "il ne fait pas ça pour sa consommation personnelle, juste pour son business" poursuit le magistrat.
Le procureur semble avoir convaincu la cour qui a condamné Abelec A. à 3 ans de prison ferme et 25.000 euros d'amende. Au terme de l'audience, Me Lejeune a indiqué que son client avait l'intention de faire appel.