Trafic de drogue entre la Guyane et l'Hexagone : un haut-gradé de la police judiciaire de Bordeaux jugé à Paris

Tribunal judiciaire de Paris
L'affaire remonte à 2013. Il est reproché à l'ex-chef de la division opérationnelle de l'Office des stups, ainsi qu'à son ancien subordonné, d'avoir monté un trafic de cocaïne entre le Suriname, la Guyane et la France métropolitaine, dans le but de réaliser, une fois la drogue acheminée, saisie et interpellations pour faire du chiffre.

De la poudre blanche pour un peu de poudre aux yeux : le procès du numéro deux de la police judiciaire de Bordeaux, soupçonné d'avoir monté un réseau d'importation de cocaïne pour procéder aisément à des saisies, s'est ouvert lundi à Paris.

Le commissaire Stéphane Lapeyre, ex-chef de la division opérationnelle de l'Office des stups (Ocrtis, devenu Ofast), ainsi que son ancien subordonné, comparaissent jusqu'au 7 novembre devant le tribunal correctionnel aux côtés de sept autres prévenus.

L'affaire remonte à 2013. Il leur est reproché d'avoir monté un trafic de cocaïne entre le Suriname, la Guyane et la France métropolitaine, dans le but de réaliser, une fois la drogue acheminée, saisie et interpellations sans trop de peine pour faire du chiffre.

M. Lapeyre et son ex-subordonné sont entre autres accusés d'avoir envoyé deux "indics" convaincre un homme tout juste sorti de prison, Jean-Michel L., d'empocher 70.000 euros pour aller acheter au Suriname 14 kg de cocaïne et les envoyer depuis Cayenne via le fret aérien jusqu'à l'aéroport d'Orly, de sorte qu'il puisse voyager sans contact avec la marchandise.

"J'avais besoin d'argent, et puis c'étaient des policiers..."

À l'aller, grosses coupures dans son sac, on lui avait assuré qu'il n'avait "pas à s'inquiéter pour la douane" s'il passait par un portique précis indiqué par l'un des informateurs, Lionel K., ou "Marc" sous sa fausse identité.

Pour cette mission, le Guyanais s'était vu promettre "1.000 euros environ par kilo de cocaïne" importée, a relaté lundi à la barre l'homme de 38 ans. "J'avais besoin d'argent, et puis c'étaient des policiers...", s'est-il justifié.

La livraison surveillée, qui consiste à laisser passer de la drogue aux frontières pour démanteler en aval les réseaux de revente, est une technique policière courante. Mais dans cette affaire, les autorités judiciaires n'en avaient pas été informées et aucune autorisation n'avait été donnée, d'autant qu'il n'existait aucun trafic préexistant, selon les enquêteurs.

"La manière dont j'ai géré ce dossier (...) n'était pas bonne", a concédé Stéphane Lapeyre lors de l'enquête. "Dans mon esprit, il n'était pas question de fabriquer un réseau pour le démanteler."

Les avocats de M. Lapeyre, Me Thibault de Montbrial, et de son subordonné, Me Anne-Laure Compoint, n'ont pas souhaité faire de commentaire à ce stade.

Au cours de l'enquête, l'ancien patron de l'Office des stups, François Thierry, a été entendu en tant que témoin assisté. Ce dernier est au cœur d'une affaire similaire, soupçonné de complicité de trafic de stupéfiants dans un dossier tentaculaire portant sur les méthodes de l'Ocrtis, dirigé par le policier entre 2010 et 2016.