UE-Mercosur : "pour le sucre de canne européen l’accord ne va pas dans le bon sens" estime François Thaury, expert des marchés agricoles

Ouvriers agricoles de la canne à sucre au Brésil
L’accord UE-Mercosur envoie un signal négatif à la filière sucrière réunionnaise et antillaise. Il prévoit en effet d’attribuer, notamment au Brésil, un contingent de 180.000 tonnes par an de sucre de canne, à droit zéro. Un peu moins que la production de la Réunion et des Antilles.
 
Le Brésil, géant de l’industrie sucrière, devrait pouvoir augmenter ses volumes d’exportation de sucre de canne. Il représente prés de 35 % de la production mondiale.

Droit zéro pour le sucre
L’ensemble des contingents de l’accord représente l’équivalent de 1,5 millions de tonnes de sucre comprenant un nouveau contingent de 10.000 tonnes à droits "zéro" accordé au Paraguay. Ce quota concernera principalement le sucre bio, produit avec des normes qui ne sont pas celles de l’Union européenne. De quoi affaiblir la filière européenne de sucre de canne bio en cours de développement. François Thaury expert d’Agritel, société spécialisée en stratégies des marchés agricoles, connait bien la situation des producteurs de canne à sucre réunionnais et antillais.

Pour le sucre de canne produit à la Réunion et aux Antilles, l’accord ne va pas dans le bon sens, au contraire. Depuis octobre 2017 et l’abolition des quotas, les productions de la Réunion et des Antilles ne sont plus vraiment protégées. Ainsi, la Réunion est confrontée aux productions des pays voisins, l’île Maurice et l’Afrique du Sud. Se pose déjà un problème de compétitivité. L’accord à droit zéro avec les pays du Mercosur apporte une nouvelle contrainte pour les petits producteurs des DOM. 
François Thaury, expert d'Agritel


Production réelle ?
Quant aux dernières nouvelles du marché mondial du sucre, elles ne sont pas vraiment rassurantes. Robin Shaw, expert du négociant londonien Marex Spectron, souligne jeudi matin "l’arrivée sur le marché de 2 millions de tonnes de sucre brésilien (...) En vérité, personne ne sait vraiment ce que sera la production réelle, tout le monde se trompe de plusieurs millions de tonnes par an." Pas de quoi apaiser les craintes des producteurs de canne à sucre européen ni celles des opposants à l’accord entre l’UE et le Mercosur.

Le texte de l'accord de libre échange doit encore être approuvé par le nouveau Parlement européen sans doute à l’automne, ainsi que par le Conseil européen. Les parlements nationaux de certains États membres pourraient être impliqués pour l’approbation finale de l’accord entre l’UE et le Mercosur.

@Alain_Jeannin