Ulrich Robeiri, le maître d'armes guyanais qui a conquis l'Olympe en 2008

Au Pavillon d'escrime de Pékin, Ulrich Robeiri rentre en scène en finale face à la Pologne, après un excellent début de ses coéquipiers, les deux frères Jeannet. Précis, efficace, l'épéiste guyanais creuse l'écart face à Radoslaw Zawrotniak 15-8. Chaque tireur rencontre tour à tour tous les escrimeurs de l'équipe adverse, soit 9 reprises de 3 minutes avec un maximum de 10 touches par compétiteur.

Les Français mènent largement 25-14, 30-14, 35-20, 38-25. Soudain, Jérôme Jeannet se blesse à la main droite durant l'avant-dernier relais. Il n’est plus en mesure de tirer. Le SOS est lancé, Ulrich et ses deux compères font appel à leur quatrième coéquipier, Jean-Michel Lucenay.

La devise des Mousquetaires, un pour tous, tous pour un, prend toute sa dimension. Le médecin du Comité Olympique diagnostique une blessure légère. L'arbitre n'autorise pas le changement. Il prive Lucenay de son rêve olympique. L'ultime objectif de carrière du Martiniquais s'effondre. Durant une année, il a partagé quotidiennement les entraînements et préparé l’événement avec le trio.

Un triomphe contrarié

Dans ce climat de désenchantement, fort de sa médaille d'argent en individuel, le Martiniquais Fabrice Jeannet porte l’estocade sans trembler. Ce sont les dernières touches de sa carrière. Les tricolores surclassent les Polonais 45-29. L'équipe de France est sacrée championne Olympique. Les Ultramarins ont conservé le titre remporté en 2004 à Athènes. Ulrich Robeiri est le premier épéiste guyanais médaillé olympique. C’est le huitième titre par équipes à l'épée depuis l'apparition de la discipline au programme des JO en 1908.

Le comité olympique chinois refuse la présence de Jean-Michel Lucenay sur le podium. Le trio d’escrimeurs est en larmes. Après la Marseillaise, le 4^ème tireur, aidé par le staff de l’équipe de France, se jouera de la surveillance des agents et finira par rejoindre ses coéquipiers sur la plus haute marche.

Ulrich Robeiri, au nom du collectif

Ulrich Robeiri incarne avec noblesse l’esprit d’équipe. Le Guyanais a remporté six titres de champion du monde par équipe de 2005 à 2007, 2009, 2010 et 2014. Un mois avant les Jeux Olympiques de Pékin, il obtient l’or par équipe aux Championnats d’Europe. En individuel, il compte un titre de champion du monde et 9 victoires en Coupe du monde.
Ce palmarès impressionnant est l’aboutissement de l’itinéraire d’un enfant doué de Cayenne. Ulrich réalise ses premières escarmouches à 7 ans, aux éclaireurs de France.

À 15 ans, il quitte sa Guyane natale pour la Guadeloupe. L'apprenti-escrimeur intègre le Creps. Il passe deux ans au sein du pôle Antilles-Guyane. Et à 17 ans, l'adolescent prend la direction du pôle de Reims. Le sociétaire du Sporting Club de Levallois progresse et peaufine son style.

Dès 2003, le Guyanais porte les couleurs de l’équipe de France. En 2010, l'ingénieur en électronique et informatique rejoint la RATP et mène deux carrières avec brio. Mai 2016, à l'âge de 33 ans, Ulrich met un terme à sa carrière à l'issue de l'étape de Coupe du monde à Paris. Référent de l'équipe de France junior, il transmet son expérience à la nouvelle génération d’escrimeurs. En mars dernier, le champion Olympique décide de quitter ses fonctions au sein de la fédération.

Écoutez Ulrich Robeiri sur son palmarès et ses combats